Intervention de Loïg Chesnais-Girard en clôture de l’Université de rentrée des Socialistes breton.nes au Sew, à Morlaix, le 30 septembre 2023
Chers camarades,
Bonjour à tous et à toutes, ravi d’être devant vous ce soir. Je voudrais remercier les fédérations bretonnes pour leur invitation. Je voudrais bien sûr remercier la fédération
Du Finistère pour l’organisation.
Cher Tristan Foveau, merci de ton appel, cette proposition de venir m’exprimer devant vous.
Je profite de l’occasion pour féliciter Simon Uzenat, qui a été brillamment élu. Ça fait du bien à la gauche ? Ça fait du bien au groupe socialiste au sénat. Ça fait du bien à la majorité régionale. Ça fait du bien à la Bretagne. Merci, cher Simon.
Et, au passage, ça nous permet d’avoir quatre sénateurs socialistes et la parité, deux hommes, deux femmes.
Aux habitants de la Loire Atlantique de dire ce qu’ils veulent
Je vais d’abord commencer rapidement par les deux interpellations que j’ai entendues.
D’abord sur la Bretagne à cinq. Le conseil régional de Bretagne a toujours voté des vœux sur ce sujet de la réunification. Mais je suis d’accord avec Nathalie (Appéré, maire de Rennes NDLR) sur un point : On est en démocratie. Et en démocratie, on ne prend pas une armée pour envahir le territoire d’à côté. Ça ne se fait pas.
Donc, il va falloir à un moment donné que les citoyens s’expriment et d’abord ceux de Loire-Atlantique, c’est un vrai sujet. J’entends les militants, et notamment les militants de l’UDB, y compris les militants de l’UDB dans l’hémicycle régional, m’interpeller sans cesse en disant que je pourrais, d’un coup de boutoir, ou d’un verbe formidable, entraîner automatiquement la Loire-Atlantique en bretagne. Ça ne se passera pas comme ça.
Et regardez les élections au conseil départemental de Loire-Atlantique. Manifestement, désolé de le dire, les citoyens avaient d’autres préoccupations à ce moment-là. Il faut dire les choses, il faut le regarder, et ça n’enlève rien au combat que les uns et les autres mènent. Ça n’enlève rien aux aspirations profondes que les uns les autres expriment, et puis- je le dis au passage pour mettre un peu de baume sur tout cela- on est breton ou qu’on vive dans le monde, si on se sent, breton. Et moi c’est comme ça que je vois les choses.
Algues vertes : nous sommes sortis des contentieux européens
Les algues vertes. Eh bien, les algues vertes, vive l’Europe d’abord, parce que l’Europe a condamné en disant que la bretagne entrait dans des territoires qui étaient au-delà des réglementations européennes, et ça fait partie, je pense, des déclics d’être dans ces territoires désignés par l’union européenne comme étant dans les contentieux européens sur les nitrates.
Nous étions dans les contentieux européens sur les nitrates avant beaucoup d’autres. Nous avons eu les algues vertes avant beaucoup d’autres et aujourd’hui, nous sommes sortis des contentieux européens et nous sommes en train de mener le combat pied à pied, milligrammes de nitrates par milligrammes de nitrates.
C’est un combat considérable. C’est un combat qu’on peut faire de deux manières : soit en essayant l’effondrement, soit en essayant l’accompagnement et le progrès. Moi, j’ai choisi mon camp, c’est l’accompagnement et le progrès, y compris en accompagnant les hommes et les femmes de ces territoires qui sont les premiers à souffrir de cette situation. Alors, faisons en sorte que la presse travaille, librement, je m’y emploie. Faisons en sorte que les débats aient lieu partout sans populisme et sans démagogie. Et puis travaillons d’arrache-pied, au moment où nous nous sommes sortis des contentieux européens, d’autres régions en Europe y rentrent. Regardons pourquoi elles y rentrent, parce qu’elles n’ont pas fait le travail que l’on a fait depuis trente ans maintenant. Et il y a encore beaucoup de travail, croyez bien que j’en suis conscient.
Voilà pour répondre rapidement aux questions qui me reviennent régulièrement. Mais je ne suis pas ici pour parler de cela. Je suis venu vous parler à vous, amis du Parti Socialiste de quelques éléments qui me semble important d’apporter au débat.
Me voilà, moi, personnellement socialiste apatride.
Socialiste apatride devant vous est quand même invité à venir vous dire des mots. J’y suis très sensible et je n’ai pas hésité un instant, comme je n’avais pas hésité un instant, cher Olivier, à venir devant les députés quand ils ont fait leur rentrée à Rennes et c’était un grand plaisir de vous voir. L’exercice n’est pas simple car la raison de mon départ est au cœur de querelles que vous vivez dans la maison socialiste. Mais finalement, je ne suis pas là pour ajouter des maux aux maux, je ne suis pas là pour rajouter des querelles et rien d’autre. J’ai envie presque de dire que j’utiliserais les mêmes termes que les mots d’Olivier dans l’interview du télégramme. J’ai fait un petit texto pour lui dire: nous avons eu effectivement un désaccord de stratégie.
Ce n’est pas grave en soi un désaccord stratégique.
Ce n’est pas un désaccord sur les valeurs socialistes, ce n’est pas un désaccord sur nos valeurs universelles.
Ce sont des désaccords juste sur la stratégie de comment on peut reprendre le pouvoir. C’est juste cela et je me dois juste de vous donner une explication sans jugement. Je n’ai absolument plus le droit de juger- ayant fait le choix ou ayant eu le manque de courage-de partir de notre parti ou en tout cas de me mettre de côté. Je quittais le parti, car l’alliance avec un parti eurosceptique, pour moi, était impensable et insupportable.
Et dans ces moments, moi, j’ai considéré qu’il me fallait me mettre de côté.
Certains diront que c’est lâche. Certains diront que ce n’est pas comme ça qu’il faut faire.
C’est mon histoire et je m’interroge chaque jour sur ce que je dois faire, mais j’ai considéré que c’était ma responsabilité à ce moment-là.
Parce que mon objectif- et nous y travaillons- c’est de retourner, bien entendu, l’ensemble des énergies pour faire en sorte que l’on puisse retrouver cette capacité de gouverner la France.
Le combat qui est mené par le parti socialiste, le combat qui est mené par Olivier est le même et je sais sa conviction. C’est juste les chemins, peut-être qui diffèrent, à un moment donné. A un moment donné.
Gouverner le pays est indispensable. Martin Schulz l’a dit il y a quelques instants. C’est effectivement indispensable que nous puissions revenir aux affaires. Il est indispensable que le parti puis la gauche puissent gouverner ce pays et que nous puissions y mener une politique de gauche au service de nos concitoyens, au service de nos valeurs et au service
L’union européenne, puisque c’était un des thèmes de la réunion d’aujourd’hui.
Mais aussi continuer à gouverner les autorités locales.
Les gouvernements locaux, les mairies, les départements, la région, les régions, et là aussi,
Nous savons qu’en bretagne, terre furieusement modérée, le cortège d’images et de ressentis que traîne douloureusement, ou lourdement, l’accord avec LFI peut nous jouer des tours dans certaines des configurations de 2026 et de 2028. Il faudrait travailler, ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui. Et, encore une fois, être membre d’un parti, c’est être solidaire des orientations prises. Je ne pouvais pas l’assumer, c’était au-delà de ma capacité, donc j’ai fait un pas de côté.
Mais je reste attentif.
Je reste présent et, malgré ces désaccords, je n’oublie pas quelle est ma famille politique.
Ma famille politique, c’est la social-démocratie européenne.
Ma famille politique, je la vois chaque jour lorsque je vais à Bruxelles au sein du comité des régions, où je suis très fier de siéger au sein du groupe socialiste présidé par Christophe Rouillon.
Ma famille, c’est le groupe socialiste et démocrate au sein du conseil régional de Bretagne.
Et les maires ici présents, tous les maires, chère Nathalie, cher Jean-Paul, chère Isabelle, cher François et tous les autres, savent qu’ils ont mon soutien Indéfectible, que je me considère à leurs côtés, portant la même bannière, et que je serai à leurs côtés, indéfectiblement, en 2026, étapes cruciales pour reconquérir le conseil départemental du Finistère, chers amis, et pour garder nos forces, garder nos présences en Côtes d’Armor, en Ille-et-Vilaine et à la région.
Bref, je suis et je reste socialiste. Mais provisoirement sans maison.
Martin Schulz est parti, mais qu’est-ce que ça fait du bien de le retrouver. Qu’est-ce que ça fait du bien de l’entendre, qu’est-ce que ça fait du bien d’avoir à nos côtés cet homme qui, inlassablement, travaille partout en Europe pour nos idées. J’étais heureux de le voir, j’étais heureux de l’entendre et avant de vous parler des élections européennes, permettez-moi de vous dresser un tableau des trois problèmes globaux que nous avons à assumer tous ensemble, que les peuples européens auront à assumer, que nous avons à affronter nous qui voulons faire de la politique que nous avons intégré dans nos logiciels.
Fermer la parenthèse des énergies fossiles
D’abord le sujet du climat, qui est aujourd’hui une réalité face à nous. Regardez les images de New-York hier soir.
Nous avons tous conscience que l’humanité doit fermer la parenthèse du fossile. Quand je dis « tous conscience » ça veut dire « tous conscience » dans cette salle, parce que, malheureusement, « tous conscience » au niveau de notre pays, ce n’est pas sûr.
« Tous conscience » au niveau de l’Union, ce n’est pas certain.
« Tous conscience » au niveau du monde, ce n’est absolument pas le cas.
Nous avons à fermer cette parenthèse du fossile qui dure depuis plus de cent ans.
Drogue dure. Drogue dure, qui a permis une croissance extraordinaire dans une rupture qui a permis pour nous, Socialistes, des combats pour des droits sociaux supplémentaires, des combats pour faire en sorte d’offrir un pouvoir de vivre aux hommes et aux femmes. Une capacité de développer, une capacité d’être propriétaire de biens, de services qui sont issus de cette croissance extraordinaire, issue du pétrole et du charbon. Et pourtant, il va falloir refermer la parenthèse. L’aiguille va être dure à retirer.
Et pour nous, qui voulons encore une fois ce combat pour la justice sociale, ce combat pour faire en sorte que les plus faibles, les plus fragiles, les plus modestes soient protégés face aux angoisses et aux fracas du monde, nous savons combien il va y avoir des enjeux considérables sur lesquels nous allons devoir nous atteler.
C’est un enjeu qui est impressionnant, paralysant, qui peut même faire peur et qui commence à faire peur à toute une part de notre population, et notamment celles et ceux qui, en ce moment, font le plein ou qui commencent à remplir les chaudières pour l’hiver.
Et au changement climatique, contre lequel nous devons lutter sans faille, nous devons y ajouter, en plus, sans jeu de mots, en même temps, le sujet de l’adaptation à ce changement climatique qui est enclenché, quoi qu’il arrive.
Parce que le changement climatique est inscrit jusqu’en 2060/2070. Les efforts que nous faisons maintenant pour limiter le changement climatique, ce sont des efforts pour faire en sorte qu’à partir de 2050/2060, on reste en dessous des 2°, 2,5°.
Mais la partie avant est déjà écrite dans les tonnes de CO2, les mégatonnes de CO2, les gigatonnes de CO2 qui se sont accumulées dans l’atmosphère depuis le début du siècle dernier.
Et donc, ça va être compliqué d’expliquer à nos citoyens de faire des efforts, tout en ayant en tête que ces efforts sont pour que nos enfants, nos petits-enfants, puissent vivre sur cette planète.
C’est un enjeu, encore une fois, qui ne doit pas nous paralyser. C’est un enjeu que nous devons intégrer dans notre réflexion profonde. Qui est intégré aujourd’hui, je pense, dans nos politiques et notre manière de penser l’avenir de notre ligne politique, mais qui doit être aussi intégré dans notre capacité à parler à nos citoyens, aux concitoyens, à tous les citoyens, pour qu’ils n’aient pas envie de se recroqueviller sur eux-mêmes, tant au niveau national qu’au niveau individuel.
Affronter les grands enjeux planétaires
Le deuxième problème global que nous avons à regarder en face, ce sont les problèmes géopolitiques. Ces problèmes géopolitiques considérables qui donnent, là aussi envie, peut-être, de se mettre la tête dans l’édredon, qui donnent peut-être envie de couper le poste, de ne plus lire les pages internationales de nos journaux. Et pourtant ils sont là, ces problèmes géopolitiques. La guerre en Ukraine nous le rappelle vivement. Nous voyons combien un peuple courageux se bat aujourd’hui pour sa liberté et finalement pour notre liberté à tous, notre liberté d’Européens. Sur le continent africain, sur le continent asiatique, sur certains états d’Amérique du sud, il y a aussi des enjeux considérables sur lesquels il faut se pencher et se dire que, quand on veut penser le monde, qu’on ne peut pas se désintéresser de ces sujets et qu’on doit même contribuer à la réflexion commune, au débat mondial, et faire en sorte d’agir. D’agir, mais j’y reviendrai, avec d’autres forces que les seules forces de notre puissance nationale.
C’est indispensable de le regarder, ayant en tête que, dans ce moment, nos grands espoirs à nous, Socialistes, une marche continue vers le progrès une marche continue du monde vers la démocratie et sacrément contrebalancée par la réalité du monde.
Les fantasmes que nous avions lorsque j’avais quinze ans, vingt ans, vingt-cinq ans sont aujourd’hui, réellement balayés par ce que nous vivons au quotidien, et nous voyons bien que plus de deux tiers des êtres humains d’aujourd’hui vivent en dehors des démocraties. Deux tiers. Ça a été très bien dit tout à l’heure. Il y a des combats impressionnants qui sont menés. Nous devons l’avoir en tête. Sans, encore une fois, à aucun moment nous départir de nos responsabilités sur le progrès social en France, le progrès social en Europe.
C’est cela aussi qui est complexe à assumer et qui nous oblige à penser le monde, en même temps que nous pensons la France, en même temps que nous pensons la vie dans nos quartiers. J’y reviendrai.
Accueillir dignement les migrants
Puis le troisième sujet, mais ça a été extrêmement bien développé par Nathalie Appéré, donc je ne le reprendrais pas, c’est le sujet des migrations.
Et finalement ce sujet des migrations est le résultat, aussi, des deux autres sujets que je viens d’évoquer, que sont les questions politiques et le sujet du climat. Nous avons à regarder cela avec le plus de calme et de sérénité possible, nous qui sommes dans un endroit du monde stable, même si la France se réchauffe plus vite que d’autres endroits du monde.
Mais nous avons la chance de pouvoir et devoir prendre nos responsabilités, et je reprends les mots de Nathalie : de travailler chaque instant à la dignité. La dignité des hommes et des femmes, d’où qu’ils viennent. Et de faire en sorte, qu’effectivement, nous ayons le courage de l’affronter, et je veux témoigner du courage de Nathalie dans le combat qu’elle mène dans sa ville et au niveau européen. Nathalie, bravo à toi.
Pour répondre à cela, à mon sens, il y a de grands enjeux.
Renforcer le PSE
Le premier enjeu, c’est de renforcer le groupe PSE (Parti des Socialistes Européens NDLR) au parlement européen l’année prochaine.
Que Christophe Clergeau ne soit pas tout seul et que nous ayons beaucoup d’hommes et de femmes de l’Ouest, de Bretagne, qui l’accompagnent, que nous ayons beaucoup d’hommes et de femmes, en France, qui viennent renforcer les rangs du PSE.
Et ces socialistes français, au sein du PSE, et Christophe le dira mieux que moi, sont attendus.
Régulièrement, je l’entends lorsque je vais à Bruxelles, soit avec ma casquette de président de région, soit pour le comité des régions.
Il ne m’appartient pas de participer au débat du 5 octobre, mais, bien entendu, j’ai vu le chemin tracé par le bureau national.
Et moi, je souhaite de tout cœur qu’une liste de large ouverture se mette en œuvre pour faire en sorte que le Parti Socialiste en soit la colonne vertébrale et qu’on puisse rassembler toutes celles et ceux qui partagent ces valeurs, très largement, et finalement, comme la dernière fois, avec la tête de liste que vous choisirez et avec celles et ceux qui pourront renforcer encore une fois cette famille sociale-démocrate qui, à Bruxelles, est vue comme profondément de gauche.
De gauche pour gouverner, de gauche pour assumer nos responsabilités de gauche pour participer au débat et faire en sorte de commencer à nous rassembler tous et à rassembler celles et ceux qui ont fait un pas de côté.
C’est ainsi, à mon sens, qu’on retrouvera une place centrale à gauche, j’en suis certain, mais c’est aussi ainsi qu’on travaillera sur les combats d’Europe, ces valeurs de l’Europe, ses valeurs de liberté. Regardez le travail considérable qui a été fait sur ce sujet des libertés, y compris dans nos vies numériques, chers amis, ce travail sur la culture, l’éducation et finalement sur l’altérité.
J’y reviendrai tout à l’heure, mais l’altérité, cette capacité que nous avons à vivre ensemble avec des identités, des cultures, des états-nations différents.
Je pense que nous avons, là aussi, à continuer de poser des questions et à travailler. Nous.
Dans les sections, dans les fédérations, partout, nous pouvons échanger, et notamment avec la jeunesse. Jeunesse qui, encore une fois, aspire à penser l’avenir au-delà des frontières. J’en suis profondément persuadé.
Cette séquence européenne est primordiale. Je serai, bien entendu, attentif, présent, mobilisé et je n’oublierai pas que c’est la première marche pour les requêtes suivantes.
Faire confiance aux élu.es
Le deuxième grand enjeu c’est le sujet des pouvoirs locaux.
C’est que la gauche qui veut gouverner, nous assumions de dire qu’on a épuisé toutes les capacités du centralisme. Toutes ses capacités du centralisme à la française. Bien sûr, je suis un enfant de la République et je suis persuadé que cette République a encore beaucoup à donner. Mais la République, c’est l’Etat, les collectivités locales, et donc l’ensemble des pouvoirs locaux qui, ensemble, peuvent répondre aux aspirations des Françaises et des Français.
C’est un sujet sur lequel il faut que l’on travaille, parce que je ne pense pas qu’on soit capable, encore aujourd’hui, de se dire que l’envoi de hussards et de préfets pour répandre les biens et les services publics partout, à tous les points du territoire, en France métropolitaine et dans les territoires ultramarins, sera d’une efficacité redoutable, quels que soient les moyens supplémentaires que l’on soit capable de donner à l’État central.
Il faut que l’on pense au monde tel qu’il est et il faut qu’on s’adapte au monde tel qu’il est.
Moi sur la période où l’on vit sur la santé, sur la période où l’on vit sur l’énergie, sur la période où l’on vit sur l’alimentation, je suis plutôt content que la gauche, en 1983, ait décidé de donner les écoles aux communes.
Je suis plutôt content que la gauche, au début des années 80, ait choisi de donner les trains locaux, les TER, aux régions. Parce que si ça avait été piloté comme on a piloté les grands dossiers nationaux, je pense qu’on ne serait pas dans la situation dans laquelle on est aujourd’hui.
C’est une chance.
Et ceux qui font un peu d’histoire politique, regardez les débats de l’époque sur les risques pour la République de voir les communes gérer les écoles, les départements gérer les collèges, les régions gérer les lycées. Les débats étaient sans fin, violents. Et, je pense, encore présent dans nos esprits aux uns et aux autres.
Et donc, je pense qu’aujourd’hui, il convient de se dire que, face au centralisme qui appelle finalement un superman qui ne viendra pas. Parce qu’il ne viendra pas, Superman. Ou Superwoman, nous avons, je crois, nous, conscience que c’est le collectif qui fait la force, et je crois que le collectif de la France, ce sont les élus dans leur ensemble, les élus nationaux, les élus locaux, sans opposition.
Je suis épuisé de voir la tension permanente entre les collectivités, l’Etat, l’Etat et les collectivités, jusqu’au Président de la République qui se permet de tancer les maires ou d’interpeller les présidents de région dans une déclaration sur TF1, pour dire que, finalement, ce serait à cause d’eux que telle ou telle chose n’irait pas dans le pays. Moi, je pense que, à ce centralisme, qui nous envoie tout droit vers le nationalisme, il faut proposer une autre solution. Et nous, la gauche, je propose que l’on propose des pouvoirs locaux.
Alors je vous rassure : pas que la Bretagne. Pas que le conseil régional.
Les maires et leurs groupements, les départements, les régions qui sont capables d’assumer des choses considérables sur les territoires, qui sont capables de réaliser des projets qui répondent à l’intérêt général. Et je dis bien, à l’intérêt général, et pas seulement l’intérêt de tel ou tel territoire.
Mais pour aller vers la vraie égalité, l’égalité républicaine que l’on recherche, il faut donner du souffle, de l’air, aux élus locaux pour qu’ils puissent assumer leurs responsabilités et faire en sorte que l’on puisse trouver les solutions qui conviennent à Molène, à Pontivy, à Rennes, à Paris ou dans le dernier village d’Auvergne. Et ce n’est pas depuis Paris qu’on le fera.
Et ça, c’est un sujet sur lequel on doit travailler collectivement.
Alors, effectivement, quand le Président de la république va en Corse, avec une tête de Maure derrière lui, là où la première ministre, à Saint-Malo, refuse le gwen ha du derrière elle, de peur que la République tremble, en bretagne, on entend un président de la République dire : vous êtes sérieux, vous êtes des élus responsables, vous avez arrêté les violences, donc l’Etat sera au rendez-vous, la République sera au rendez-vous et la vraie démocratie, elle est dans votre hémicycle local et donc je vous donnerai l’autonomie si les parlementaires le décident.
Moi, ce n’est pas ça que je demande. Je demande plus d’autonomie pour les collectivités, plus d’autonomie pour les élus locaux, plus d’autonomie pour les pouvoirs locaux. C’est ça, à mon sens, qui est la solution pour débloquer la situation et faire en sorte, au passage, d’être un antidote contre le nationalisme. Parce que quand on résout les problèmes dans les quartiers, chère Nathalie, cher François.
Quand on résout les problèmes dans les villes, cher Jean-Paul, chère Isabelle et tous les autres, quand on résout les problèmes dans les communes, dans les territoires ruraux, en apportant les services publics du quotidien, depuis la petite enfance jusqu’au grand âge, depuis les problèmes de boulot, jusqu’aux problèmes de santé, alors, on fait reculer la peur. Alors on fait reculer le sentiment d’abandon et on fait reculer le nationalisme, l’extrême-droite, le Rassemblement National. C’est ça notre combat, c’est ça le combat qu’on doit mener tous ensemble, et je pense que l’on doit se réapproprier ce sujet, Ne pas se laisser intoxiquer par ce mot, autonomie, qui est balancé comme un chiffon pour diviser, et ça a commencé, toutes les familles politiques de-ci, de-là.
La République, une, indivisible, décentralisée. Si on est capable de travailler cela, de travailler nos gammes, de travailler nos thèmes, de dire vers quoi on veut aller demain, alors, quelque part, l’équipe de France, un parlement travaillant à l’intérêt général et au socle nécessaire à l’avenir du pays et des collectivités locales qui s’engagent vers tous les enjeux, que ce soit pour le climat ou la justice sociale, nous serons capables de résoudre de grands problèmes qui sont face à nous et qui semblent aujourd’hui insurmontables et par moments désespérant, quand un ministre ou un président au vingt heures vous annonce que dans deux mois, le sujet est réglé sur l’ensemble de L’hexagone, etc…
Il faut vraiment qu’on travaille ce sujet : faire en sorte que les pouvoirs locaux soient l’antidote aux extrêmes et qu’on s’approprie ce sujet face aux Conservateurs, face aux Libéraux qui, encore une fois, sont dans bien d’autres équations.
Voilà les messages que je voulais vous passer cher.es camarades, ce soir.
Vous dire encore une fois que, au-delà de nos querelles de stratégie, nous sommes une grande famille. Au-delà de nos querelles de stratégies, nous nous battons pour finalement le même objectif : être la voix de celles et ceux qui n’ont pas grand-chose ou rien du tout. De faire en sorte que nous travaillons toujours pour la justice sociale, de faire en sorte que nous trouvions les solutions pour assumer les grands équilibres du monde. Mais aussi les équilibres entre le vivant, l’économie et le social qui est un combat qui, à mon sens, mérite d’être menée parce que, face à ceux qui pensent qu’il faut effondrer l’industrie, décroître profondément ou supprimer les usines pour sauver le monde, moi je pense qu’on est capable de produire une autre voie. Une autre voie qui rassure l’ouvrier. Une autre voie qui rassure le pêcheur et l’agriculteur, une autre voie qui est capable d’emmener les salariés de ce pays dans un projet où on se remonte tous les manches pour se dire qu’on va préparer le monde de demain, ce monde qui aura réconcilié, encore une fois, la biodiversité et le vivant, le climat et l’activité des femmes et des hommes.
Ça, c’est une belle utopie sur laquelle on doit travailler.
Ça, c’est un beau combat que l’on peut mener. Et, là aussi, depuis l’échelon local jusqu’à l’échelon européen, nous sommes capables de relever ce défi. Nous sommes capables de proposer un discours qui soit universel, qui soit cohérent, qui ne soit pas l’addition de positions les unes derrière les autres. Pour ou contre les éoliennes. Pour ou contre le nucléaire. Pour ou contre l’irrigation. Pour ou contre telle ou telle chose. Ça, ça ne fait pas une politique globale.
Le rôle d’un parti, le rôle des hommes et des femmes qui militent dans ce parti, c’est d’aller conquérir le pouvoir, mais sur la base d’un socle d’idées, d’un corpus idéologique, d’une ambition pour le pays qui soit cohérente. C’est ça notre combat, c’est ça votre combat et c’est ça que, je pense, nous serons capables de réaliser tous ensemble. Alors, chers amis, chers camarades, cher premier secrétaire, j’étais ravi de pouvoir venir m’exprimer devant vous aujourd’hui. Je redis combien nous avons beaucoup de choses encore à faire ensemble, dans les territoires, au niveau du pays, au niveau de l’union européenne. Combien nous avons de citoyens qui nous attendent, des citoyens qui, peut-être, ne nous attendent plus, mais espèrent encore. Et puis d’autres qui sont un peu éloignés de la politique parce qu’ils ont fermé les écoutilles mais que, par le local, par les lignes politiques cohérentes, nous sommes capables de ramener vers nous, ramener vers l’espoir que nous savons ressusciter
Et puis encore une fois, cette ambition collective de savoir vivre ensemble, en débattant sur les valeurs, vivre ensemble en acceptant le débat, sans nous foutre sur la tronche.
Vivre ensemble, en mettant les égos de côté et en étant capable de se dire qu’on est capable dans ce pays de préparer l’avenir qui permette à chacun de vivre avec l’espoir que demain sera meilleur.
Vive encore une fois la Bretagne.
Vive Notre pays.
Vive l’union européenne,
Et vive le Parti Socialiste, quand il va bien et qu’il a envie de gagner.