Communiqué de presse des fédérations de Bretagne, lundi 29 janvier 2024
« Depuis plusieurs jours, la colère du monde agricole se manifeste en France. Venues du sud-ouest, les actions se sont multipliées, concernant désormais la Bretagne.
Les Fédérations du Parti socialiste des Côtes d’Armor, du Finistère, d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan entendent cette colère qui couve depuis trop longtemps. Le mot d’ordre est à la fois limpide et légitime : les paysans, en Bretagne comme ailleurs, exigent davantage de justice et de considération, en un mot la dignité.
Un changement de modèle économique s’impose. Le libéralisme, la concurrence incontrôlée et donc déloyale, l’accaparement de la valeur ajoutée par les industriels et les distributeurs, l’accaparement des terres agricoles par des multinationales ou par des « agri-manageurs » ne cessent d’appauvrir les paysans français et européens, tout en les rendant toujours plus dépendants du système qui les broie lentement.
Depuis le début du mouvement, élus et militants socialistes bretons vont à la rencontre de ces paysans en colère, pour écouter et échanger. 5 priorités d’actions ressortent clairement de ces discussions.
- Nous ne devons jamais opposer agriculture et écologie. Si une simplification administrative s’impose pour faciliter le quotidien des femmes et des hommes qui assurent notre souveraineté alimentaire et nous nourrissent, l’objet ne peut être d’amoindrir la protection du climat et de la biodiversité tant il est vrai que les paysans sont déjà les premières victimes des dérèglements écologiques. Nous souhaitons également rappeler que le Green Deal, qui fait l’objet des attaques de l’extrême-droite, n ‘ est pas entré en vigueur.
- Le déséquilibre du système économique est le fondement de la dégradation de la qualité de vie des paysans. Sur 100€ dépensés par le consommateur en grande surface, seuls 10€ en moyenne reviennent à l’agriculteur. La priorité doit être de mieux répartir la valeur. Le Premier ministre a dit vouloir enfin appliquer la loi Egalim, il était temps, mais cela n’est pas suffisant. Il faut rapidement imposer des prix planchers au niveau des vrais prix de revient des producteurs.
- Ce même modèle économique, parce qu’il favorise la concurrence internationale des agriculteurs entre eux, est créateur d’injustices, de frustrations et d’une colère légitime. Les accords de libre-échange ont des conséquences dramatiques. Les produits importés, pour ne pas entraîner de concurrence déloyale avec les produits de nos agriculteurs, doivent également être soumis à un prix minimum d’entrée sur le marché qui ne soit pas inférieur au prix de revient et aux même normes sanitaires et environnementales que celles de l’Union européenne.
- La prospérité de l’agriculture française s’est historiquement bâtie dans le cadre de l’Union européenne. C’est par une refonte profonde de la PAC que nous la retrouverons car la dernière PAC, à laquelle les socialistes se sont opposés mais que les droites ont solidairement votée, des macronistes à M. Bardella, renforce ce système fondé sur l’injustice favorisant les grandes exploitations au détriment des petites.
- Enfin, la structuration des filières doit devenir un chantier prioritaire. Pour mieux rémunérer le monde agricole tout en préservant le pouvoir d’achat des Français, la France doit se donner les moyens de moins importer et de moins transformer à l’étranger.
Les réponses du Premier ministre sont largement insuffisantes. Elles n’interrogent pas le modèle économique et ne comportent aucune annonce sur une nécessaire réforme de la PAC pour accompagner et accélérer les évolutions structurelles attendues. Les socialistes bretons resteront très attentifs et exigeants vis-à-vis des annonces gouvernementales concernant l’accélération et la simplification de l’indemnisation des paysans victimes de crises sanitaires ou de catastrophes climatiques, comme la tempête Ciaran.
Nous sommes et restons plus que jamais mobilisés aux côtés des femmes et des hommes qui travaillent pour garantir une alimentation de qualité à nos concitoyen·ne·s. »
Antoine Ravard, Premier secrétaire PS 22
Tristan Foveau, Premier secrétaire PS 29
Laurence Duffaud, Première secrétaire PS 35
Simon Uzenat, Premier secrétaire PS 56