3000 personnes, pompiers en tête, ont manifesté le 4 septembre à Carhaix, pour défendre l’hôpital et exiger la réouverture des urgences la nuit, fermées « jusqu’à nouvel ordre, entre 18h30 et 8h30 ».
Devant le bâtiment des Urgences, aux côtés du maire de Carhaix, Christian Troadec, des élu-es du centre Finistère, des représentant-es du comité de défense, des organisations syndicales, des professionnels de santé du secteur et des habitant-es, la députée Mélanie Thomin est intervenue pour dénoncer l’arrogance des pouvoirs publics, qui, en dépit de multiples alertes restent sourds aux avertissements.
Condamnés à renoncer à se soigner ?
« La décision de fermer les urgences de nuit est injuste » a insisté Mélanie Thomin. C’est une décision politique d’autant plus inacceptable que depuis des mois, les élu-es alertent le gouvernement sur les difficultés sociales du territoire, la vulnérabilité de ceux qui peinent à se déplacer. Or, des patients du centre-Bretagne vont être condamnés à renoncer à se soigner. « L’anormalité devient la norme. Le tri des patients devient la norme. L’économie devient la norme. L’économie sur la vie des gens. »
Carhaix serait à une heure d’un service d’urgence
Jean-Luc Fichet, l’autre parlementaire socialiste du Finistère, était aussi présent à Carhaix pour dénoncer « la stratégie d’assèchement du service public de santé et le risque de fermeture des urgences qui conduirait les habitant-es de Carhaix et de son territoire à être à une heure d’un service d’urgence et non plus à 30 minutes ».
Les représentants du groupe Finistère et solidaires au conseil départemental du Finistère étaient également présents à Carhaix pour refuser cet éloignement. « Les pompiers sont lourdement impactés, notamment les volontaires qui ont également une activité professionnelle » ont-ils dénoncé. « Lorsqu’il faut envoyer les patients à Quimper, Brest, Morlaix depuis Carhaix c’est la mobilisation d’une ambulance sur une plage horaire longue, et l’incertitude d’être de retour à temps pour finir sa garde à l’heure prévue. Pire, la mobilisation des moyens des pompiers sur des sorties longues, c’est moins de moyens disponibles pour les interventions locales. »
Un cercle vicieux est enclenché
De plus, les élu-es d’opposition au Conseil départemental ont rappelé que l’ensemble des professionnels de santé sont impactés. « Fermer un service d’urgences c’est commencer à s’habituer à une fermeture progressive du service public de santé et donc à un éloignement programmé de professionnels hospitaliers. Le cercle vicieux est donc lancé : tensions sur le nombre de personnels, fermeture de services, baisse de budget, recul du service public, éloignement des professionnels. »
Les fermetures de services ou d’hôpitaux ne sont pas une fatalité. Pour enrayer ce phénomène, Mélanie Thomin a rappelé que des dizaines de parlementaires se mobilisent pour reconstruire l’hôpital public, pour sortir de la vision libérale de la santé.
Ils et elles proposent, notamment : Une loi de programmation de santé (comme pour l’armée ou pour l’éducation), la revalorisation conséquente des rémunérations des équipes soignantes, en particulier pour les gardes de nuit, des mesures d’urgence spécifiques pour les territoires en désertification médicale, comme à Carhaix et une concertation locale avec toutes les parties prenantes (direction, ARS, élus locaux, représentants du personnel).
Quand, dans une ville de 8000 habitant-es, 3000 personnes se mobilisent en quelques jours pour défendre le service d’urgence de leur hôpital, les autorités, politiques et sanitaires, doivent se rendre à l’évidence : le Poher ne laissera pas les urgences de l’hôpital fermer.