Non seulement on fonce droit vers le mur mais en plus on accélère et on klaxonne.
Alors que le modèle agricole qui nous a conduit dans une impasse, sociale et environnementale, devrait être totalement réformé, le gouvernement, avec la loi d’orientation agricole (LOA) ne tire aucune leçon des crises qui traversent notre agriculture et qui, il y a un an ont provoqué une forte mobilisation dans le secteur agricole.
A la fin du salon de l’agriculture, le Parti Socialiste a organisé, sur sa chaîne Twitch, une soirée consacrée aux enjeux agricoles avec Aurore Pageaud, rédactrice en chef de l’Épineuse le journal des Jeunes Socialistes, (JS) qui consacre dans son 1er numéro de 2025 un dossier aux jeunesses en ruralité, Jean-Claude Tissot, chef de file des sénateurs socialistes pour les dossiers agricoles, et Chantal Jourdan et Dominique Potier, député-es de l’Orne et de Meurthe-et-Moselle.
La LOA, qui vient d’être adoptée, ne répond à aucun enjeu auxquels les agriculteurs sont confrontés : « il n’y rien sur le revenu, alors qu’il s’agissait de la principale revendication au printemps 2024 » a dénoncé Jean-Claude Tissot. « La question du foncier et de l’installation n’est absolument pas abordée alors que c’est l’un des défis majeurs pour notre agriculture » a renchéri Dominique Potier. D’ici 10 ans, la moitié des agriculteurs pourraient faire valoir leurs droits à la retraite. Un tiers des terres agricoles, soit 10 millions d’hectares, pourraient changer de propriétaires. Mais, si ça se traduit par une augmentation de la surface moyenne, les jeunes ne pourront plus s’installer sur des exploitations trop grandes et trop chères. On pourrait rapidement passer de 400 000 à 170 000 agriculteurs.
Pire, pour cacher l’absence de solutions pour augmenter le revenu des agriculteurs, la loi revient sur tout ce que les ministres de gauche, avec Louis Le Pensec, Jean Glavany ou Stéphane Le Foll avaient réalisé pour adapter notre agriculture aux enjeux sociaux et environnementaux. La droite et l’extrême-droite parviennent ainsi à voter, en 2025 une loi d’orientation agricole qui ne contient même pas les mots agriculture bio ou agroécologie.
Pour maintenir la productivité, l’usage des pesticides est autorisé, les expérimentations pérennisées. « Mais c’est une solution à court terme qui ne tient pas compte des dégâts sur les sols, la biodiversité ou la santé humaine » a dénoncé Chantal Jourdan. Or, il est maintenant établi que les pesticides ont un impact sur les maladies neurodégénératives dont la maladie de Parkinson.
« En fait, on voit bien qu’il y a un vrai clivage entre les tenants de l’agriculture productiviste et nous qui défendons une agriculture raisonnée » a résumé Dominique Potier. La LOA renforce le modèle hyper productiviste qui nous a conduit dans le mur alors même qu’il faudrait le revoir complétement notamment en révisant le mode d’attribution des primes de la PAC qui est actuellement basé sur les surfaces et favorise abusivement les grandes exploitations céréalières au dépend des petites et moyennes exploitations, pourtant plus vertueuses d’un point de vue social et environnemental.
La LOA de 2025 ne restera dans l’histoire agricole que comme une petite loi de circonstance, élaborée rapidement à la suite du mouvement du printemps 2024. La grande loi d’orientation agricole qui donnera les moyens aux agriculteurs de vivre dignement de leur métier, de garantir notre souveraineté alimentaire et d’adapter nos productions aux effets du changement climatique reste encore à écrire.
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