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L’école : l’affaire de tous. 

« Le Parti Socialiste, c’est le parti de l’école. Elle est constitutive de notre identité » a rappelé Yannick Trigance, secrétaire national à l’éducation, en préambule de l’atelier du Campus de Blois intitulé « École de riches, école de pauvres ».

Or, cette école est en crise. Alors qu’elle devrait être le lieu du brassage social par excellence pour l’ensemble de la jeunesse, tous les acteurs de la communauté éducative constatent que les parents élaborent des stratégies d’évitement pour que leurs enfants étudient dans les classes considérées comme les plus élitistes : contournement de la carte scolaire, choix des options, inscriptions dans le privé… Toute une partie de la population a le sentiment d’être condamnée au décrochage.

Le destin social se joue à l’école

Pour autant, la ségrégation scolaire était bien pire auparavant. « Seuls les enfants de riches avaient accès au lycée » a rappelé le sociologue François Dubet. « Mais à la différence de maintenant, il était possible de trouver du travail, de s’épanouir et de s’élever socialement, même sans diplôme. Or, aujourd’hui, l’école à le monopôle de la sélection ». C’est elle qui choisit les vainqueurs et les vaincus. Et lorsque le destin social des enfants se joue à l’école, on peut comprendre que les parents cherchent, par tous les moyens, à ce que les leurs soient dans le camp des gagnants.

« L’encadrement des élèves est l’argument qui revient régulièrement lorsqu’on discute avec des parents d’élèves qui ont choisi de scolariser leurs enfants dans le privé » a souligné Alix Rivière, porte-parole de la FCPE de Seine-Saint-Denis et administratrice nationale de la FCPE. Il faut donc que l’école publique fasse la démonstration qu’elle accueille et encadre les élèves aussi bien que le privé.

« Je suis professionnelle de l’éducation mais je ne suis pas enseignante » a d’emblée précisé Émilie Kuchel, adjointe au maire de Brest déléguée aux politiques éducatives, conseillère régionale de Bretagne et présidente du réseau français des villes éducatrices, animatrice de quartier de profession.

« Le problème de l’école, c’est que les professeurs font des enfants ».

Or, pour l’élue brestoise, il faut faire la distinction entre l’instruction et l’éducation, qui demande l’intervention de nombreux adultes. « Il faut tout un village pour éduquer un enfant » a-t-elle rappelé.

Les enseignant-es, quel que soit leur dévouement et leur professionnalisme, ne peuvent pas accomplir toutes les missions qui leur sont assignées. En effet, l’engagement des parents constitue un des nœuds du problème. Certains sont très à l’aise face à l’institution et savent précisément quelle option choisir pour que leur enfant soit dans les « meilleures » classes. Mais d’autres, souvent en échec scolaire eux-mêmes, ne connaissent pas les codes. Pour résumer la situation, François Dubet a rappelé que « le problème de l’école, c’est que les professeurs font des enfants ». L’éducation nationale doit donc être beaucoup plus à l’écoute de ces parents afin qu’ils puissent accompagner leurs enfants.

Mais elle doit aussi, mieux coopérer avec les autres acteurs de la communauté éducative. Pour Émilie Kuchel, « l’école, aujourd’hui ce ne sont pas que les enseignants. Ils ne vont pas réussir, seuls, à faire que l’école de demain soit l’école de la république, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité »

L’éducation nationale doit être plus à l’écoute des parents et de ses partenaires 

Pour parvenir à bâtir cette école de la socialisation, de la bienveillance, de l’altruisme, il faut penser l’éducation par les territoires. L’éducation nationale doit fixer le cap mais ensuite, chaque capitaine de bateau doit avoir les moyens de s’adapter en fonction des spécificités locales.

Il faut que les professionnels de l’éducation nationale se frottent à d’autres. Quand on est animateur de quartier, on n’est pas enseignant. Et quand on est éducateur spécialisé, on n’est pas animateur de quartier. A chacun sa profession.

Les projets éducatifs de territoires doivent permettre la coopération entre tous les acteurs éducatifs

« Cette coopération passe par un Projet Educatif de Territoire, qui permet de mettre autour de la table tous les partenaires de l’éducation, et pas uniquement les enseignant.es »

Pour l’élue brestoise, « au centre de nos préoccupations, il doit y a avoir, l’élève et sa famille. L’école de demain, c’est l’école de tous et par tous et pas juste l’école de l’éducation nationale » a résumé Émilie Kuchel

« Attention à ne pas rallumer la guerre scolaire »

Pour certains, il suffirait de supprimer les aides aux écoles privées pour rétablir l’égalité entre les élèves. François Dubet a mis en garde les Socialistes contre cette « fausse bonne idée » rappelant que toutes les tentatives allant dans ce sens s’étaient soldées par de cuisantes défaites pour la gauche. L’enseignement confessionnel s’étant même renforcé après l’abandon du projet de loi Savary de 1984 ou des accords passés avec Jack Lang au début des années 90.

François Dubet

L’investissement dans l’éducation pour l’accueil des élèves ou les conditions de travail et la formation des enseignant-es, s’avère d’autant plus nécessaire que la menace d’une privatisation est bien réelle, avec tout ce que cela implique en termes d’accès aux études.

Les efforts réalisés par la gauche lorsqu’elle était au pouvoir ont porté leurs fruits. Même si les réformes, portées notamment par Najat Vallaud-Belkacem, n’ont sans doute pas été suffisamment soutenues.

Pour retrouver les classes populaires, la gauche devra présenter un projet ambitieux pour l’école. Et ne pas faire preuve de naïveté face aux lobbies qui n’ont qu’une idée en tête : privatiser l’éducation nationale pour réaliser des profits.

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