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Il y a 120 ans, les socialistes s’unissaient

Qu’elle fut longue à advenir ! Il aura fallu plusieurs tentatives pour que les Socialistes parviennent à l’unité les 22, 23 et 24 avril 1905 au congrès du Globe. Mais pourquoi ce qui fut impossible aux congrès de Marseille en 1889, de Japy en 1899 ou de Wagram en 1900 le fut à celui du Globe ?

Les Socialistes se divisaient, notamment, sur la question du « ministérialisme ». Peut-on, quand on est socialiste, participer à un gouvernement bourgeois ? Oui répondait Jean Jaurès si c’est pour renforcer la République et faire avancer les réformes. Non, répliquait Jules Guesde qui considérait qu’il s’agissait d’une trahison.

Cette question fut réglée en 1904 lorsque Alexandre Millerand fut exclu du Parti Socialiste Français (PSF) de Jean Jaurès.

L’unité devenait donc possible. Mais d’autres raisons expliquent le succès du Globe.

Les socialistes, répartis essentiellement entre le PSDF (Parti Socialiste de France) de Jules Guesde et le PSF (Parti socialiste français) de Jean Jaurès, ont répondu à une injonction de l’Internationale Socialiste qui, au congrès d’Amsterdam, en 1904, exigeait que l’unité, réalisée dans tous les autres pays d’Europe, puisse se faire en France. Comment, en effet, défendre l’unité des travailleurs et la lutte des classes quand on n’est même pas capable de se retrouver au sein d’une même organisation ? D’autant que le SPD allemand avait été créé en 1875, les PSOE espagnol en 1879, le SAP suédois en 1889 et le labour britannique en 1900.

Cette unité devenait indispensable à un moment où les idées socialistes avaient le vent en poupe et convainquaient de plus en plus d’électeurs. Aux Législatives d’avril-mai 1902, le PSF rassemble 430.000 voix (5% des suffrages, 36 députés), le PSDF 340.000 voix (4%, 12 députés) tandis que les Allemanistes, les inclassables et les autonomes recueillent 100.000 voix (un peu plus de 1 %).

Les socialistes français se sont aussi conformés aux demandes de l’Internationale Socialiste, parce qu’ils voyaient bien monter les tensions internationales et estimaient que, face aux risques de conflits, en particulier entre la France et l’Allemagne, seule la grève générale, dans les deux pays pouvait permettre d’éviter la guerre. D’où l’importance de ne pas être marginalisés au sein de l’instance qui la permettra.

Enfin, et peut-être surtout, la méthode retenue a permis à chaque composante de ne pas se sentir écrasée par une autre. Même si le congrès d’Amsterdam donne plutôt raison à Jules Guesde, elle ne fait pas du PSDF son unique représentant en France. A partir de novembre 1904, se met en place la commission d’unification socialiste qui, pendant près de 6 mois, prépare la fusion du Parti socialiste français animé par Jaurès, Briand et Viviani, du Parti socialiste de France de Jules Guesde et Édouard Vaillant, du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire de Jean Allemane et de sept fédérations autonomes dont celle de Bretagne. (voir l’article  Unité socialiste : les Bretons ont montré l’exemple.)

Une fois définis les statuts restait à trouver un nom pour désigner la maison commune. Il n’était évidemment pas question de reprendre celui d’une des formations déjà existantes. Après de longues tractations, l’appellation retenue fut : Parti Socialiste (Section Française de l’Internationale Ouvrière) qui rappelle à la fois sa dimension internationaliste et son implantation dans le monde du travail.
Mais, jusqu’en 1914, la presse utilisa l’expression de « Parti Socialiste Unifié » pour désigner cette nouvelle force politique issue de la fusion de plusieurs courants qui en quelques années va multiplier par trois le nombre de ses adhérents.

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