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Il y 50 ans : les Assises du Socialisme.

Il y a 50 ans, les 11 et 12 octobre 1974, avec les « assises du Socialisme », François Mitterrand parachevait l’unité des socialistes, entamée 3 ans plus tôt à Épinay. Le Parti Socialiste était alors prêt pour partir à la conquête du pouvoir.

Ces assises se sont tenues à l’hôtel PLM saint Jacques à Paris. Elles ont officialisé l’arrivée au PS d’une partie du PSU, derrière Michel Rocard, de la mouvance des « cathos de gauche », engagée dans des mouvements comme « vie nouvelle », du courant autogestionnaire avec les GAM. (Groupes d’action municipale) et de militants de la CFDT.

Ce n’est pas par hasard si ces assises interviennent à l’automne 1974 : tous les éléments étaient réunis pour que la deuxième gauche rejoigne le Parti Socialiste.

« Il faut sans doute remonter à 1972 » précise Bernard Poignant qui adhéra au PS en septembre 1974. Dans la foulée du concile Vatican 2, les évêques de France appellent les prêtres à ne plus donner de consignes de vote en chaire. C’est un événement qui permet à toute une partie de l’électorat catholique, particulièrement important en Bretagne et dans l’Ouest en général, de voter selon ses convictions et non en fonction des consignes données par les presbytères.

Les Assises interviennent quelques semaines après l’élection présidentielle de 1974 provoquée par le décès de Georges Pompidou.  « Valéry Giscard D’Estaing l’a emporté mais ce fut pour François Mitterrand une défaite prometteuse » rappelle Bernard Poignant. Il n’a manqué que 400 000 voix au premier secrétaire du PS pour l’emporter. « François Mitterrand disposait encore de la légitimité qu’il avait obtenue en se présentant contre le général de Gaulle en 1965. Personne ne voulait y aller. Et contre toute attente, il parvient à le mettre en ballotage. »

A l’occasion des législatives partielles qui suivent la présidentielle, le PS, qui quelques mois plus tôt a signé le programme commun (27 juin 1972) avec le PC et les radicaux arrive en tête de la gauche.

Dans ce contexte, la direction du PSU se rend compte que la dynamique est du côté du PS. S’il a pu jouer un rôle important pendant mai 68, il ne correspond pas aux attentes de l’électorat. L’arrivée de Michel Rocard au Parti Socialiste n’est pas une surprise. Il était déjà aux côtés de François Mitterrand pour la campagne présidentielle de 1974. Cependant, les militant-es du PSU ne sont pas tous prêts à rejoindre le PS. Michel Rocard ne parvient pas à obtenir une majorité au sein du PSU pour le suivre.

Dans le Finistère, l’évènement, sans passer inaperçu, ne suscita pas un grand intérêt. « Le mouvement d’adhésion des cathos de gauche avait déjà commencé bien avant, dans le sillage de Francis Le Blé, notamment » indique François Prigent docteur en histoire contemporaine auteur d’une thèse intitulée « Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980 » (Université Rennes 2,). « La première victoire aux législatives est intervenue quelques mois plus tôt avec l’élection de Louis Le Pensec, dans la circonscription de Quimperlé/Concarneau dès 1973 ».

Les assises du Socialisme marquent la fin de l’influence du PSU qui se divise fortement sur l’attitude à adopter face au PS. « Dans le Finistère, au congrès de Châteaulin qui se tient le 15 juin 74 seuls 22% des militant-es approuvent la ligne majoritaire (Rocard/Chapuis) du bureau national du PSU qui préconise l’adhésion au PS » rappelle François Prigent.

Contrairement à ce qui a pu se passer à la fin des années 60 et au début des années 70, les adhésions au PS, dans le cadre des assises du Socialisme, s’effectuent de manière individuelle. Ce ne sont pas de nouveaux courants qui s’agrègent PS mais des militant-es qui doivent trouver leur place au sein d’une organisation déjà constituée qui a déjà tenu plusieurs congrès (Alfortville et Issy les Moulineaux en 1969, Épinay en 1971, Grenoble en 1973) et qui s’apprête à tenir celui de Pau en janvier 1975. « Il est difficile d’évaluer le nombre exact de ralliements dans le Finistère » admet François Prigent. « Cependant, le PSU revendiquait 201 adhérents en 1972, 189 en 1973, 130 en 1975 et 100 en 1976 ».

Quelques années plus tard, aux cantonales de 1976 et surtout, pour le grand Ouest, aux municipales de 1977, les adhérent-es venu-es dans la foulée des assises prendront des responsabilités dans les municipalités de Nantes, Rennes ou Brest. « L’arrivée de nouveaux militant-es a permis au PS de se consolider et de se développer dans des secteurs où il était peu présent »

D’une certaine manière, les Assises du Socialisme actent la fin de la SFIO avec le retour au sein du PS de militants qui, dans les années 1958/1960, avaient rompu avec le parti de Guy Mollet, sur la question coloniale, pour fonder le PSA plus le PSU. « Mais à bien des égards, on peut considérer que le mouvement de 1974 est aussi mal préparé que celui du de la fin des années 50 » souligne François Prigent.

A partir de l’automne 1974, la gauche socialiste dispose de tous les éléments pour partir à la conquête du pouvoir : un leader incontesté, François Mitterrand, une stratégie : l’union de la gauche. Et un parti qui réunit en son sein quasiment toutes les tendances de la gauche non-communiste.

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