La montée de l’abstention est l’un des symptômes de la crise démocratique que nous traversons. Le développement de la démocratie participative constitue l’une des solutions pour enrayer ce phénomène. A condition que l’investissement des citoyen-nes se traduise par des décisions décisives ont expliqué les intervenant-es de la table-ronde intitulée « participation citoyenne : comment remettre le peuple au cœur de la vie démocratique ? » animée par le sénateur des Français de l’étranger Yan Chantrel.
Le tirage au sort permet une meilleure représentativité
Mathilde Imer, à l’origine de la convention citoyenne pour le climat, en a rappelé les objectifs et les modalités. Alors que se développait le mouvement des gilets jaunes, cette convention devait permettre de dégager des propositions pour engager la transition écologique sur la base d’un consensus. « Alors qu’une grande partie de la population s’opposait à des décisions prises par les parlementaires, il fallait trouver une solution pour dégager du consensus ».
« Nous avons opté pour le tirage au sort qui nous paraissait la solution la plus juste » a expliqué Mathilde Imer. « Le tirage au sort est plus démocratique que l’élection qui favorise celles et ceux qui ont l’expérience des campagnes électorales. ».
Avec les critères que nous avions choisis, il permet une meilleure représentativité des jeunes, des femmes et des ouvriers, trop souvent absents des instances de décisions. Et enfin, parce que les personnes sont sélectionnées pour une période déterminée, ils et elles peuvent se projeter sur le long terme sans chercher à se faire réélire.
Pendant 7 sessions, 150 personnes se sont retrouvées pour se former et avancer 149 propositions construites sur la base d’un consensus.
« Le bilan de cette convention citoyenne est mitigé » a reconnu Mathilde Imer. Parmi les points positifs, on peut citer la confirmation que le choix du tirage au sort permet bien de dégager des propositions de qualité. « Nous avons également constaté, parmi les personnes qui ont participé à ces travaux, que plusieurs abstentionnistes avaient retrouvé le chemin des urnes à la suite de cette expérience. »
Mais, parmi les points négatifs, on doit bien sûr noter le reniement du président de la République qui s’était pourtant engagé à reprendre les conclusions de la convention. « Il y a un autre aspect à améliorer » a indiqué Mathilde Imer. « le grand public n’a pas été suffisamment associé aux travaux des 150 citoyen-nes. »
Il ne faut pas confondre démocratie participative et technocratie participative
Pour Frédéric Gilli, de l’agence Grand Public, les consultations citoyennes doivent permettre aux habitant-es de participer vraiment aux décisions. Il ne faut pas confondre démocratie participative, qui contribue à faire des choix, et technocratie participative qui se contente de choisir les couleurs des façades une fois que tout le reste a été décidé.
« Il faut donner aux citoyen-nes des raisons de penser que leur participation est utile et pour cela les élu-es doivent tenir leurs promesses. Ils ne sont pas obligés de réussir. Les gens sont suffisamment intelligents pour comprendre que tout n’est pas possible. Mais ils ont l’obligation d’essayer. C’est de cette manière qu’on pourra tordre le cou à l’idée selon laquelle les vrais décideurs sont les haut-fonctionnaires ou les dirigeants des grandes entreprises
« S’il existe une défiance des citoyen-nes envers les élu-es, on peut souvent constater une forme de défiance des élu-es envers les citoyen-nes » a rappelé Frédéric Gilli. Retrouver la confiance réciproque suppose une grande capacité d’écoute de la part des élu-es et des dispositifs massifs de concertation.
Cette écoute passe, notamment, par le porte-à-porte, mais aussi par toutes les formes de rencontres qui doivent être engagées pour éviter le syndrome TLM (Toujours les mêmes) comme l’a souligné Sandrine Floureuse, conseillère départementale de Haute-Garonne, chargée de la participation citoyenne. En effet, on retrouve souvent les mêmes personnes dans les instances de participation si on ne se donne pas la peine d’aller aux devants de l’ensemble de la population.
A l’échelle de l’Union européenne aussi, la démocratie participative doit être développée pour éviter que les lobbies, toujours très actifs, puissent donner l’impression de porter la parole des habitant-es, a insisté le député européen Christophe Clergeau.
Yan Chantrel travaille en ce moment sur une proposition de loi pour faciliter le recours au référendum d’initiative partagé. Afin de nourrir sa réflexion sur la démocratie participative, le sénateur des Français de l’étranger viendra dans le Finistère, les 7 et 8 septembre, pour rencontrer les élu-es en charge de cette question.
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