« Mais pourquoi nous ? » Voilà la question que peuvent se poser tous les jeunes Finistériens et Finistériennes. En effet, notre département figure, avec le Cher, les Hautes-Alpes, les Vosges, la Dordogne et le Var dans la liste des territoires sélectionnés pour expérimenter la généralisation du Service national universel (SNU).
Emmanuel Macron l’avait évoqué lors de ses vœux mais l’annonce officielle est régulièrement reportée. Prévue initialement fin décembre, elle a été repoussée au mois de février, et aujourd’hui le mois d’avril est avancé sans plus de précision.
Il faut dire que le projet ne manquera pas de susciter de vives réactions, de la part des jeunes, d’une part, mais aussi de la part des enseignant-es ou des associations d’éducation populaire. Il s’agirait d’organiser des séjours de cohésion de 12 jours, obligatoires pour, à terme, toute une classe d’âge soit 800 000 jeunes. Le budget pourrait atteindre 2 milliards d’euros.
A ce jour, le SNU n’a attiré que 30 000 volontaires, pour une grande part issus des classes moyennes et supérieures. Passer de 30 000 à 800 000 demandera des moyens considérables.
Ce projet fait déjà l’objet de nombreuses critiques. A commencer par son coût, alors même que le ministère de l’éducation nationale s’apprête, pour des raisons budgétaires, à fermer plusieurs classes. « Dans le Finistère, 35 postes d’enseignant-es seraient supprimés et plus de 50 classes fermées » dénonce dans un communiqué Mélanie Thomin, députée de la 6e circonscription.
Ensuite, toutes les missions qui sont assignées au SNU peuvent très bien être remplies par l’éducation nationale ou par les associations d’éducation populaire pour peu que l’État leur en donne les moyens. En effet, le décret indique que « Ce séjour et cette mission d’intérêt général ont pour objet de renforcer la cohésion nationale, de favoriser la mixité sociale et territoriale, de développer une culture de l’engagement et de contribuer à l’orientation et à l’accompagnement des jeunes. »
Pour le SNES-FSU, « Le SNU constitue une attaque en règle contre les principes même d’un système éducatif qui fait de l’émancipation par les savoirs le cœur de son organisation. Les jeunes ont besoin d’école, pas d’un dispositif de domestication qui dévoie les symboles de l’armée au profit d’un projet politique qui vise une fois de plus à affaiblir l’Education nationale ».
A peine annoncée, la généralisation du SNU a déjà du plomb dans l’aile : en effet, bon courage à Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national universel, pour expliquer la logique qu’il y a à dépenser 2 milliards d’euros pour des séjours de 12 jours, au moment où le ministère de l’éducation ferme des classes et où il n’est « pas possible » de trouver 90 millions pour servir des repas à un euro aux étudiant-es.