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Vous trouvez ça juste ?

Manifestation du 31 janvier 2023

Brest, le 31 janvier 2023

Allocution de l’intersyndicale, prononcée à plusieurs voix, à Brest le 31 janvier 2023

« Les travailleuses et les travailleurs aspirent à partir à la retraite en bonne santé et avec un niveau de retraite qui permet de vivre dignement. Le message est très clair : le gouvernement doit renoncer à la fois à l’âge de départ à la retraite à 64 ans et à l’accélération de l’augmentation de la durée de cotisations. D’autres solutions existent. Elles ont malheureusement été balayées d’un revers de main. L’ensemble des organisations syndicales réaffirment leur opposition à la réforme et leur détermination à avoir un système de retraite juste financé aussi par un autre partage des richesses.
Afin de renforcer, et d’inscrire dans la durée cette première mobilisation massive, les organisations syndicales ont appelé à une journée de grève et de manifestations interprofessionnelles. L’intersyndicale invite la population a signer massivement la pétition  et appelle à multiplier les actions et initiatives partout sur le territoire dans les entreprises, les services publics, dans les lieux d’études y compris par la grève.
Elle appelle les salarié-es et les jeunes à préparer des assemblées générales pour discuter des poursuites de la mobilisation et alors que le gouvernement appelle les organisations syndicales à être responsables et à ne pas bloquer le pays nous réaffirmons qu’il est et sera le seul responsable de cette situation puisque 9 travailleuses et travailleurs sur 10 rejettent cette réforme injuste et brutale.
Nous sommes unis et déterminés à faire retirer ce projet de réforme des retraites. C’est pourquoi l’Intersyndicale appelle à une nouvelle journée de grève et de manifestation interprofessionnelle aujourd’hui.
L’intersyndicale nationale se réunira ce soir pour déterminer les suites à donner.
L’intersyndicale départementale a souhaité illustrer les effets de cette réforme sur les travailleuses et travailleurs.
Je vais vous parler de Xavier. Xavier est né en 1978. Il a commencé à travailler dans la fonction publique à l’âge de 20 ans.
Il aurait pu choisir entre deux options : partir à la retraite à 62 ans à taux partiel et avec une décote puisqu’il n’aura pas cotisé les 172 trimestres nécessaires. Ou à 63 ans à taux plein après avoir validé toutes ses annuités de cotisations.
Avec la réforme proposée, l’âge légal de départ à la retraite étant repoussé de 62 ans à 64 ans, Xavier ne pourra pas prendre sa retraite avant cet âge même s’il valide ses 172 trimestres l’année de ses 63 ans. Il devra patienter jusqu’à son 64e anniversaire pour être autorisé à toucher sa retraite à taux plein. Vous trouvez ça juste, vous ?
Un autre exemple. Claude a 54 ans et il travaillait comme ouvrier dans une entreprise agroalimentaire depuis 25 ans. Dans son quotidien professionnel il a porté chaque jour, plusieurs tonnes de marchandises, exposé au bruit au froid et au bout de 12 ans et de nombreux arrêts de travail, il a déclaré une maladie professionnelle pour une hernie discale. Fin 2020, le médecin du travail a déclaré Claude inapte, sans possibilité de reclassement dans l’entreprise. Depuis il est au chômage et il est suivi par une Association pour l’insertion par l’activité économique.
Vous trouvez normal que Claude exposé à la pénibilité doit continuer jusqu’à 64 ans ?
Marianne est née en janvier 1965. Elle est assistante administrative dans le secteur privé depuis 37 ans. Elle a débuté sa carrière à l’âge de 21 ans. Elle a donc cotisé 148 trimestres à ce jour. Dans le système actuel, Marianne aurait dû cotiser 169 trimestres c’est-à-dire 42 annuités pour prendre sa retraite à taux plein. Elle aurait donc dû partir à la retraite à la fin du premier trimestre
2028 à 63 ans et 3 mois. Mais à taux minoré. Après la réforme de Borne, il faudra à Marianne cotiser 172 trimestres soit 3 de plus qu’avant le projet du gouvernement Elle devra donc attendre 9 mois supplémentaires pour partir à la retraite à taux plein dès le début de l’année 2029 à 64 ans. Elle pourra aussi choisir de partir à la fin du premier trimestre 2028 à 63 ans et 3 mois mais sa pension subira alors une décote pour les trimestres qui lui manquent. Vous êtes là pour soutenir Marianne ?
Christian quant à lui est né en février 1968. Il est mécanicien automobile depuis ses 16 ans. Ayant une carrière longue, Christian peut prétendre actuellement à un départ anticipé de 2 ans soit 60 ans au lieu de 62 ans. Sous réserve d’avoir cotisé 170 trimestres, soit 42 ans et 6 mois. Avec la réforme Borne, Christian ne pourra plus prétendre à un départ anticipé à 60 ans s’il n’a pas cotisé 5 trimestres avant ses 18 ans. De toute façon, il lui faudra cotiser davantage en raison de l’augmentation de la durée de cotisation. Il devra justifier de 172 trimestres soit 43 ans, majorés d’un an, soit 176 trimestres pour un total de 44 ans de cotisations.
Christian devra donc travailler un an et demi de plus pour prétendre à la retraite. Vous trouvez ça normal ?
Je vais vous parler de ma collègue Brigitte. Elle a 55 ans. Elle est aide à domicile à temps partiel. Elle commence à éprouver des difficultés pour se maintenir en poste. Elle s’inquiète pour sa carrière car nombre de ses collègues ont été licenciés pour inaptitude avant l’âge de 58 ans. Ses collègues ont d’abord été pris en charge par l’Assurance Maladie puis par de l’assurance chômage. Leur reconversion professionnelle s’est résumée à occuper des postes de caissières dans la grande distribution ou encore dans le commerce, sans réelles perspectives d’évolutions. L’employeur d’origine, il va devoir mettre en place un index de l’emploi des seniors. Vous pensez que la réforme va régler son problème de maintien dans l’emploi en tant que sénior ?
Si nous sommes ici aujourd’hui c’est pour défendre la branche vieillesse de la sécurité sociale. La sécu, nous en sommes toutes et tous les héritières et les héritiers. Elle nous a été léguée à la Libération par celle de ceux qui sont battus face à l’occupant nazi, parfois jusqu’à laisser leur vie. Elle est le fruit des jours heureux c’est-à-dire du programme du Conseil National de la Résistance qui a été fondé par les combattantes et les combattants de la liberté. La sécu tous les travailleurs y contribuent quel que soit leurs croyances, leur origine, leur langue ou leur orientation sexuelle. Ce principe de solidarité qui se moque des frontières nous avons bien l’intention de le préserver ainsi. Alors que le message soit clair : celles et ceux qui viennent dans nos manifestations pour y propager leur haine raciste ne sont pas les bienvenus ! »

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