Ce ne sont tout de même pas ceux qui sont au pouvoir depuis 7 ans et qui ont fait passer le déficit public de 2,3% du PIB en 2018 à 5,3% en 2023 qui vont venir donner des leçons d’économie et de bonne gestion des finances publiques !
Ce déficit est le fruit du désarmement fiscal de l’État qui a accordé 200 milliards d’aides publiques aux entreprises sans la moindre contrepartie. Sauf pour les actionnaires puisque le taux de marge des entreprises est passé de 30,8% en 2017 à 32,7% en 2023. La France, 7e puissance économique mondiale, compte 9 millions de pauvres après 7 ans de macronisme.
« Nous engagerons une rupture tranquille avec la politique menée par Emmanuel Macron » a annoncé Alexandre Ouizille. « L’état va cesser d’être spectateur pour redevenir l’acteur qui organise la redistribution sociale et la planification écologique ».
Les premières mesures que prendra le Nouveau Front populaire viseront à éteindre le feu social en abrogeant la réforme des retraites et celle de l’assurance chômage. Ensuite, toujours pour répondre à l’urgence sociale, le SMIC sera porté à 1600 euros, soit une augmentation de 14% et le point d’indice de la fonction publique de 10 %.
« Le programme se déroulera en 3 phases : la rupture tranquille, la bifurcation, la transformation. Les recettes évolueront au même rythme : 30Md€ en 2024, 100Md€ en 2025, 150 Md€ en 2027 » a résumé le sénateur socialiste de l’Oise, par ailleurs, enseignant en économie.
« Ce programme est crédible et cohérent »
Comme à chaque fois que la gauche est sur le point d’accéder au pouvoir, ses candidat-es ont le droit aux mêmes leçons de « réalisme économique », aux mêmes mises en garde, voire aux mêmes menaces sur les fuites des capitaux et l’exode des investisseurs. Pour Éloi Laurent, chercheur à l’Observatoire français des conjonctures économiques, il faut toujours, lorsqu’on parle de la crédibilité d’un programme économique, se demander qui on cherche à convaincre. « Si vous voulez être cru des instances européennes et que vous faites une réforme des retraites, à laquelle 80% des gens s’opposent, il est possible que, deux ans plus tard, vous ayez dix points de plus pour l’extrême-droite, et que ce ne soit pas seulement la stabilité des comptes publics qui soit en cause, mais l’état de droit »
« L’enjeu central de ces élections, c’est la stabilité du contrat social français dans un monde déboussolé par les chocs ».
Pour l’économiste, « l’enjeu central de ces élections, c’est la stabilité du contrat social français dans un monde déboussolé par les chocs ».
Le contrat social français, se caractérise, depuis 50 ans, par l’association de la solidarité et de la diversité. Un tiers de la richesse est mutualisé par un système de redistribution et près de 20 % de la population française est soit immigrée, soit de descendance immigrée. « Donc, la question que nous devons nous poser est comment protéger ces deux piliers de notre modèle social en ajoutant un autre critère qui est la capacité de résilience de notre système » a résumé Eloi Laurent.
A ces aspects sociaux et financiers s’ajoute, avec toujours plus d’acuité une dimension écologique qui oblige à reconsidérer les critères traditionnels.
« On ne peut pas, au 21e siècle, faire de l’écologie un épouvantail » a dénoncé l’économiste. « Il faut en faire une chance. On ne peut pas avoir comme seule unité de compte le milliard d’euros. Il y a aussi les années d’espérance de vie, il y a aussi les tonnes de CO2 évités, il y a aussi les espèces vivantes protégées ».
Il reste une petite semaine aux candidat-es du Nouveau Front Populaire pour partager ce programme et convaincre les électeurs qu’il est le plus pertinent pour tourner la page des années Macron et affronter les transitions écologiques et sociales.
Lire le chiffrage du programme du Nouveau Front populaire