Le gouvernement, malgré ses promesses, veut-il vraiment la réussite du dispositif « Territoire zéro chômeur de longue durée » ? C’est la question qu’on est en droit de se poser en regardant le projet de loi de finances 2024.
« En effet, il manque 10 millions d’euros pour que les territoires habilités puissent continuer à la recherche de l’exhaustivité et 10 millions d’euros supplémentaires pour le lancement de 25 nouveaux territoires au minimum en 2024 » alertait Laurent Grandguillaume, Président de Territoires zéro chômeur de longue durée le 6 octobre dans la newsletter de l’association. « Nous sommes donc loin du compte et loin du respect des engagements pris devant le Parlement comme devant les acteurs du projet. Cela remet en cause les conditions mêmes du bon déroulement de l’expérimentation et sa montée en puissance dans les territoires. Il ne s’agit plus de conditions de réussite, mais bien de conditions d’échec car cela empêchera les territoires habilités de réussir et les nouveaux territoires de se lancer. »
C’est l’esprit même du dispositif qui est menacé
C’est donc bien l’inquiétude qui prédomine parmi les territoires, en particulier ceux qui s’apprêtaient à entrer dans le dispositif comme à Concarneau, par exemple, qui vient de déposer son dossier de labellisation. « Nous travaillons sur ce projet depuis plusieurs années et nous venons d’emménager dans nos locaux » explique Pierre Le Gars, co-président avec Pierre Monfort de TZCLD de Concarneau.
C’est l’esprit même du dispositif qui est menacé. En effet, l’objectif de TZCLD est bien de permettre à tous les demandeurs d’emploi de longue durée, sur un territoire, de retrouver du travail. En gelant les financements, et donc en empêchant la montée en puissance du dispositif, le projet perd tout son sens.
Près de 4000 personnes ont déjà retrouvé un emploi grâce à TZCLD
En effet, TZCLD vise à mobiliser toutes les forces vives, (Politiques, économiques, syndicales, associatives) d’un territoire pour recenser les gisements d’emploi. Il part du principe que personne n’est « inemployable ». Ce travail en amont demande énormément de temps et d’énergie.
A l’origine, en 2016, 10 territoires ont expérimenté ce dispositif. A l’issue d’une période de 4 ans, compte tenu du bilan positif, une nouvelle loi a été votée en 2020 pour pérenniser les entreprises à but d’emploi de ces territoires mais aussi pour permettre à d’autres d’entrer dans ce dispositif. Près de 4000 personnes ont déjà retrouvé un emploi grâce à TZCLD, dont 30 à Saint-Thégonnec Loc-Eguiner, seul site labellisé dans le Finistère.
Quelques voix, cependant, s’étaient élevées au sein de la majorité macroniste de l’époque pour remettre en cause le coût de TZCLD.
En dépit des engagements pris en 2020, les crédits programmés à ce jour ne permettront pas de parvenir à engager l’ensemble des chômeurs de longue durée engagés dans cette démarche. « Ce serait un véritable gâchis. On ne peut pas imaginer que tous les efforts déployés n’auraient servi à rien » commente Pierre Le Gars. En effet, pour être labellisé, il faut répondre à un cahier des charges très strict et démontrer l’engagement de tous les partenaires et la viabilité de l’entreprise à but d’emploi.
Laurent Grandguillaume n’envisage pas non plus la fin de TZCLD. Une pétition a été mise en ligne et un rassemblement est programmé pour le 24 octobre devant l’Assemblée nationale.