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Pour une société du bien vieillir

Il n’y a rien de plus prévisible que l’évolution démographique d’une population. Dès les années 1950, on pouvait se douter que les enfants du baby-boom, nés après la guerre, auraient 65 ans en 2015, 75 ans en 2025… Et pourtant, rien n’a été fait pour adapter la société à cette nouvelle donne.

 

Nous sommes, toutes et tous, des personnes âgées

 

Souvent promise mais jamais présentée, la loi grand âge est devenue l’Arlésienne. Et pourtant le temps presse. Afin d’engager un rapport de force avec le gouvernement pour qu’il tienne enfin ses engagements, Jérôme Guedj, député de l’Essonne, auteur d’une proposition loi sur « le bien vieillir » a entamé un tour de France du grand âge qui a fait étape, à l’invitation de Mélanie Thomin, dans le 6eme circonscription du Finistère. « C’est un sujet qui nous concerne toutes et tous car nous sommes soit déjà des personnes âgées, soit des personnes âgées en devenir » a rappelé Jérôme Guedj.

A Plougastel-Daoulas, à la rencontre de la commission séniors du centre social des Astérie, à L’EHPAD de Châteaulin et pour finir à Loperhet, pour une réunion publique, le deux députés, accompagnés de leur collègue sénateur Jean-Luc Fichet et de Guy Pennec, maire de Plourin Les Morlaix, un des fondateurs du collectif des « territoires en colère » qui dénoncent la situation financière catastrophique des EHPAD.

 

« Nous avons voulu rencontrer des professionnel-les mais aussi donner la parole à toutes celles et tous ceux, élu-es, responsables associatifs ou syndicaux, aidant-es… qui, au quotidien, sont engagés dans l’accompagnement des personnes âgées » a expliqué Mélanie Thomin.

 

Territoires en colère alerte les pouvoirs publics

 

Depuis plusieurs mois, les élu-es tirent la sonnette d’alarme sur les déficits des EHPAD publics. Ne sentant aucune réaction de la part du gouvernement, en Bretagne, ils se sont organisés au sein du collectif « Territoires en colère ». « Il s’agit d’une démarche trans-partisane » a expliqué Guy Pennec. « En moyenne, en Bretagne, les EHPAD publics accusent des déficits entre 80 000 et 160 000 euros. On ne peut pas continuer comme ça ». Et surtout, les élu-es ne supportent plus que l’état réponde à l’urgence avec des CNR (Crédits non reconductibles) qu’il reconduit pourtant systématiquement. La situation est si grave, les conditions d’accueil des pensionnaires si dégradées, que le collectif a engagé, au tribunal administratif, une action envers l’État pour faute inexcusable de l’administration, non-respect des soins et non-respect des droits fondamentaux. Avec un taux d’encadrement de 0,5 ou 0,6 par résident-e, le personnel ne peut pas prendre soin des personnes âgées. Il n’est pas rare, la nuit, que seules deux personnes soient présentes pour une soixantaine de pensionnaires. Il faudrait au moins atteindre un taux de 0,8 voire 0,9.

L’arbre de la dépendance ne doit pas cacher la forêt du vieillissement

Cependant, « l’arbre de la dépendance ne doit pas cacher la forêt du vieillissement » a résumé Jérôme Guedj. En effet, l’adaptation de la société au grand âge ne saurait se limiter aux conditions d’accueil des personnes âgées en situation de dépendance dans les EHPAD.

Dans un débat qui pose la question du « bien vieillir », la réforme des retraites a naturellement été évoquée. Car bien vieillir, c’est d’abord disposer d’une pension décente et ne pas être obligé de travailler au-delà du raisonnable, en particulier pour les métiers les plus pénibles. Le rôle des retraités dans la vie associative, politique, syndicale mais aussi familiale est déterminant. Une grève des retraité-es, qui ne garderaient plus leurs petits-enfants ou qui n’effectueraient plus leurs activités associatives bénévoles aurait des répercussions

 

Toutes les études montrent que pour bien vieillir, il faut être actif et entretenir une vie sociale. La solitude et la sédentarité sont les pires ennemies des personnes âgées. Il faut donc mieux aménager la ville pour que chacun y trouve sa place. Ça passe par l’adaptation des transports publics, l’installation de bancs ou de toilettes publiques ou un soutien accru aux associations.

Les accidents domestiques ne sont pas une fatalité

 

Chaque année, 150 000 personnes âgées sont victimes de chutes, dont 10 000 mortelles. « Nous ne pouvons plus ignorer ce phénomène » s’est indigné Jérôme Guedj. Dans les années 60 et 70 les accidents de la route provoquaient la mort de 16 000 personnes. Pouvoirs publics et constructeurs ont su relever ce défi pour réduire ce chiffre aux environs de 3000. Il faut suivre le même chemin pour éviter les accidents domestiques des personnes âgées, notamment en adaptant leurs logements.

 

Les personnes âgées, leurs aidant-es ou les professionnel-les de l’accompagnement ne disposent pas de cabinets de lobbying pour défendre leurs intérêts.  C’est pourquoi Jérôme Guedj a entamé son tour de France du grand âge. « Nous devons créer un rapport de force pour obliger le gouvernement à présenter un projet de loi qui permette vraiment à toutes les personnes âgées de bien vieillir » a conclu Jérôme Guedj. Ça passe par des réunions publiques, comme celle qu’il a animée à Loperhet ou par la mobilisation des élu-es bretons qui va faire tache d’huile dans tout le pays.

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