Site icon Fédération du Finistère du Parti socialiste

On ne sait pas ce qu’aurait dit Rocard, mais on sait ce qu’il a fait.

On demande souvent à Jean-François Merle ce qu’aurait fait Rocard dans telle ou telle situation ? Le président de l’association MichelRocard.org ne répond jamais à ce genre de question puisque personne ne peut le savoir. En revanche, il sait parfaitement ce qu’il a fait.

Par rapport au Front National, Michel Rocard, qui avait connu la guerre d’Algérie et le terrorisme de l’OAS, n’a jamais tergiversé. Pour les élections cantonales de 1985, alors que Jacques Chirac n’a pas encore totalement adopté son attitude intransigeante vis-à-vis de Jean-Marie Le Pen, il tient un discours dans lequel il appelle, en fonction des configurations des seconds tours, si nécessaire, à voter pour les candidats de droite qui ne se sont pas compromis avec l’extrême-droite. Quelques semaines plus tard, lorsque François Mitterrand décide d’appliquer la proportionnelle qui allait permettre à Jean-Marie Le Pen de revenir à l’Assemblée, il fait part de son désaccord en démissionnant du ministère de l’agriculture.

Personne ne sait ce qu’aurait dit Michel Rocard en voyant les émeutes en Nouvelle-Calédonie. Cependant, on peut s’en douter.  Jean-François Merle a rappelé comment, à peine nommé à Matignon, il était parvenu aux accords de Nouméa.

« Rocard était toujours attentif à la dimension culturelle des collectivités humaines. Avant de s’engager dans les négociations, il s’était longuement documenté sur la culture Kanak, si longtemps méprisée. »

Ensuite, il s’est imprégné de l’Histoire de cet archipel, depuis sa colonisation, car c’est bien d’un processus de décolonisation qu’il s’agit.

Et enfin, il a essayé de se mettre à la place des protagonistes afin de mesurer ce qui était acceptable ou inacceptable. Dans tout ce processus de négociation, et par la suite, l’État est resté un arbitre impartial ce qui a permis de garantir la paix civile pendant 30 ans.

L’élargissement du corps électoral, en l’absence de consensus, a mis le feu aux poudres parce que cette décision a été prise sans tenir compte du long processus engagé par Michel Rocard et Louis Le Pensec. Le respect de la parole de l’État était un élément essentiel pour préserver la paix. Emmanuel Macron a oublié cet élément essentiel. Contrairement à Michel Rocard, il n’a pas cherché à se mettre à la place de Kanaks. En effet, invoquer la démocratie pour justifier un changement de la liste électorale, dans un processus de décolonisation constituait une provocation : la colonisation étant, par nature, antinomique de la démocratie.

Quitter la version mobile