Nous célébrons aujourd’hui la journée de l’Europe. C’est en effet le 9 mai 1950 que Robert Schuman, ministre français des affaires étrangères, prononça sa fameuse déclaration considérée comme l’acte fondateur de l’Union Européenne.
5 ans seulement après la fin de la seconde guerre mondiale, le dirigeant français proposait « de placer l’ensemble de la production franco-allemande du charbon et d’acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe ».
Par cette solidarité de production toute guerre entre la France et l’Allemagne devenait non seulement impensable, mais matériellement impossible.
Robert Schuman et tous les dirigeants européens qui se sont engagés dans la création de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier), puis de l’Union Européenne, ont su dépasser les préjugés de leur époque pour construire une organisation politique totalement originale. Jamais, auparavant, des États qui partageaient une histoire conflictuelle ne s’étaient mis d’accord pour dépasser leurs rivalités, et parfois même leurs haines.
Ce qui n’était encore qu’un rêve dans les années 50 est devenu réalité.
En 70 ans, nous avons su inventer un modèle démocratique totalement original, unique au monde. Un modèle si démocratique que n’importe lequel de ses membres peut, s’il le souhaite, la quitter. Les Britanniques ont commis une erreur en votant pour le Brexit. Mais leur départ de l’Union Européenne n’a provoqué aucun conflit alors que l’Histoire, et l’actualité nous donnent des dizaines d’exemples de guerres provoquées par des sécessions.
Selon une étude de l’Université d’Oxford, 70% de la population mondiale vit dans une dictature. Nous pouvons être fièr-es d’appartenir à l’Union Européenne. Et nous devons même affirmer cette fierté, tout au long de l’année et pas seulement le 9 mai, en faisant preuve d’un patriotisme européen qui met en valeur les principes de démocratie, d’égalité et de solidarité.
Nous ne devons pas nous résigner à voir les populistes l’emporter partout dans le monde et même chez nous en Europe. Nous proposons, au contraire, comme ont su le faire « les pères fondateurs » de rompre avec les habitudes et d’avoir le courage d’affirmer que nous ne voulons plus dépendre du bon vouloir de régimes autoritaires. Nous ne voulons plus être dépendants des barils des pétromonarchies ou du gaz russe. Nous ne voulons plus être soumis au chantage d’autres pays pour notre approvisionnement en médicaments ou en composants électroniques.
En un mot, nous voulons réveiller l’Europe, qui avouons-le s’était assoupie ces dernières années. Voilà l’enjeu du 9 juin. Continuer à faire « comme on a toujours fait » avec une majorité libérale qui persiste à croire à la main invisible du marché ? Ou pire, avec des nationalistes qui n’aspirent qu’à casser l’Union Européenne ? Ou, au contraire, tirer les leçons des crises sociales, sanitaires, géopolitiques… que nous venons de traverser pour franchir un nouveau cap de la construction européenne en la dotant d’un budget à la hauteur de ses ambitions et de services publics communs dans les domaines de la santé, de la justice ou du logement.
Ce sursaut est à portée de main. Il ne tient qu’à nous de le provoquer pour construire une Europe puissante, qui se donne les moyens de protéger ses salariés, ses agriculteurs, ses pêcheurs, ses étudiants, mais aussi ses frontières. Une Europe qui ose défendre ses valeurs.
Dans un mois, jour pour jour, le 9 juin, ce sursaut peut advenir. Notre candidat à la présidence de la commission européenne, Nicolas Schmit pourra alors, à l’instar de Robert Schuman, prononcer la déclaration qui réveillera l’Europe. C’est pourquoi nous attendons le 9 juin avec impatience !
Frédérique Bonnard