Le message de l’intersyndicale est pourtant simple : elle ne veut pas de ce projet. À deux reprises, à Quimper devant le conseil fédéral, le 4 mars et à Brest, devant le comité de ville, le 6 mars, ses représentants sont venus présenter leurs revendications et débattre avec les Socialistes.
« L’intersyndicale n’a pas effacé toutes les nuances qui peuvent exister entre nos organisations. Mais, avec ce projet, nous avons tous deux points d’accord majeurs : nous refusons le report de l’âge de départ en retraite à 64 ans et l’accélération de la réforme Touraine. Et ces deux points ne sont pas négociables » ont insisté, de concert Frédéric Huon pour la CFDT, Ludovic Morin pour la CGT et Sabri Zidane pour l’UNSA.
Ce projet de réforme est inutile et injuste ont expliqué les représentants de l’intersyndicale. « Il se base sur les prévisions les plus pessimistes du COR (Conseil d’orientation des retraites) pour faire croire que le système est en péril, mais le prévisions les plus raisonnables laissent apparaître que le système par répartition n’est pas menacées pour peu qu’on accepte de le financer équitablement et qu’on ne cherche pas, comme le gouvernement actuel, à réaliser des économies sur le dos des salariés et à favoriser les entreprises qui ne cherchent qu’à privatiser les retraites.
Ce projet est purement dogmatique puisqu’il ne joue que sur une variable, l’âge de départ en retraite et refuse d’envisager d’autres formes de financements, en particulier, les cotisations patronales auxquelles il ne faut surtout pas toucher. « Il fait reposer l’ensemble des efforts sur les salariés » a dénoncé Frédéric Huon.
« Le problème, ce ne sont pas les dépenses mais les recettes » a ajouté Ludovic Morin. « Il suffirait d’augmenter les cotisations salariales et patronales de 0,8 % pour combler le déficit qui n’est que de 12 milliards sur un budget total de plus de 300 milliards, dans un pays qui produit 2600 milliards de richesses. C’est donc bien la question d’une meilleure répartition des richesses qui se pose ».
Les inégalités femmes/hommes, malgré une législation qui devrait les interdire, sont encore criantes. Les écarts salariaux sont toujours, en moyenne, de 22%. Or, cette inégalité se répercute automatiquement à la retraite et s’amplifie même, puisque l’écart entre les pensions atteint 44%. Or, ce projet aurait pour effets d’accentuer encore les inégalités.
Ce report du départ de l’âge en retraite aurait également des conséquences sur la cohésion sociale. En effet, même si elle est difficile à évaluer, la contribution des retraité-es à la vie associative, notamment, est considérable. Bénévolement, ils et elles participent, singulièrement en Bretagne, à la vie associative dans les domaines de la culture, du sport, de l’action sociale etc…
La question de l’emploi des séniors n’a absolument pas été traitée. « Ce gouvernement se gargarise souvent des comparaisons internationales mais dans ce domaine nous sommes très en retard sur nos voisins européens » a dénoncé Sabri Zidane.
Et maintenant ? Après le succès de la mobilisation du 7 mars, le bras de fer est engagé avec le gouvernement qui avait pourtant été prévenu : le pays va être mis à l’arrêt. Si certains conseillers ministériels ont cru pouvoir miser sur la lassitude voire la résignation des Français, ils en seront pour leurs frais. « L’intersyndicale se réunit après chaque journée de mobilisation pour déterminer la meilleure méthode à adopter » a rappelé Ludovic Morin. Quelle que soit sa décision, elle a pu constater aujourd’hui, qu’elle dispose encore du soutien d’une très large part de la population.