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Non à l’ubérisation de l’école. 

Emilie Kuchel

« Quand l’école devient un lieu de compétition, où tout doit aller plus vite et plus fort, voire un lieu de polémiques loin des préoccupations des Français. Alors, on façonne une société qui a peur de l’Autre. Comment alors espérer que la confiance soit là ? » Dans son discours d’accueil des journées du réseau des villes éducatrices (RFVE), qui se tiennent cette année à Brest, sa présidente, Émilie Kuchel, également adjointe au maire de Brest en charge des politiques éducatives, a plaidé pour une coordination réelle de tous les acteurs de l’enfance.

Morts, parce qu’enseignants 

L’élue brestoise a, évidement, commencé par rendre hommage aux enseignant.es et personnels de service, et en particulier Dominique Bernard, lâchement assassiné par un terroriste islamiste le vendredi 13 octobre dernier, et Samuel Paty assassiné lui aussi le 16 octobre 2020. « Morts, parce qu’enseignants ».

« Par ces actes barbares, c’est le pilier fondateur de notre société qui est attaqué, le savoir, la transmission et l’émancipation pour tous ».

Pour la présidente de RFVE, « il y a aujourd’hui une valeur que l’on doit remettre au centre de nos échanges et de nos politiques publiques, c’est la laïcité. Garante de notre démocratie, mise à mal par un obscurantisme montant. Je parle de cette laïcité qui garantit la liberté, dans sa notion humaniste et universaliste, une liberté qui s’oppose à l’individualisme et au libéralisme. Une laïcité qu’on n’a pas le droit d’instrumentaliser.

Depuis plusieurs années, le réseau Français des villes éducatrices dénonce l’absence d’une véritable politique publique de l’éducation, pourtant centrale à la construction de notre République.

On peut se satisfaire qu’on s’en empare. Mais on aurait préféré un vrai débat sur la mixité et la réussite pour tous. »

Pour Emilie Kuchel « quand on observe les recherches de nombreux experts, les constats ont de quoi inquiéter. Le travail n’apporte plus ni reconnaissance, ni émancipation, ne permet plus de mieux vivre ou de progresser socialement. C’est cette notion de travail qui est remise en cause, c’est la valeur réussite qui se réserve seulement à certains.

Quand les choix politiques qui définissent l’école ne permettent plus aux plus fragiles de choisir leur carrière, leur profession mais imposent un travail subi.

Quand l’école n’est pas définie par le pouvoir politique comme un lieu d’émancipation, où on apprend à penser, à critiquer, à se socialiser, à vivre avec un autre différent de soi par sa culture, sa langue ou encore ses origines sociales, quand l’école devient un lieu de compétition, où tout doit aller plus vite et plus fort, voire un lieu de polémiques loin des préoccupations des Français. Alors, on façonne une société qui a peur de l’Autre. Comment alors espérer que la confiance soit là ? »

Et si on arrêtait de penser « école ou élève » pour penser « éducation et enfant ?

Cependant, l’école ne peut pas relever seule les défis auxquels la société est confrontée. « Et si on arrêtait de penser « école ou élève » pour penser « éducation et enfant » ? a proposé la présidente de RFVE, reprenant l’adage : « il faut tout un village pour éduquer un enfant ».« Tout un village, un territoire, une ville, une métropole. Là est notre boussole, ici, à Brest. Permettre une coordination réelle de tous les acteurs de l’enfance sur un territoire pour que l’enjeu fort de l’éducation, donc l’enfant, soit partagé par tous.

C’est en définissant l’éducation en ce sens que nous avons des défis à relever :

Une réflexion sur la mixité d’abord dans les écoles mais également dans nos clubs de sport, nos ateliers culturels, nos conservatoires, nos centres de vacances, etc…

Une réflexion autour des moyens donnés aux établissements publics d’éducation, de la crèche à l’enseignement supérieur en passant par les lycées professionnels. »

Depuis 2017, les élu.es en charge de l’éducation n’ont pas été ménagés : scolarisation obligatoire dès 3 ans qui a amené les collectivités à des dépenses supplémentaires vers les écoles maternelles privées, pour beaucoup sans compensation ; l’annonce des dédoublements des classes sans discussions avec les collectivités propriétaires des bâtiments sous tension. Les petits déjeuners, le savoir nager…

Nous avons besoin de stabilité alors que les familles sont de plus en plus fragilisées

« Avec ce nouveau mandat du Président Emmanuel Macron, on recommence » a déploré Émilie Kuchel citant notamment : les évaluations des écoles, les arrêts des aides périscolaires, les fonds d’innovation, plus de maths, retour des maths, les dates du bac, parcoursup, la réforme des lycées professionnels, l’école inclusive à marche forcée… et le Président qui se réinterroge désormais sur les rythmes scolaires !!! »

« Nous avons besoin de stabilité alors que les familles sont de plus en plus fragilisées, touchées de plein fouet par les multiples crises et notamment la crise de la vie chère.

Nous devons être là pour elles, sans ambiguïté » a insisté la présidente de RFVE.

« Je le dis clairement : non à l’ubérisation de l’école, non à la compétition dans l’éducation, non aux classements, non aux manques de moyens, non aux effets d’annonces permanents. Nous avons tous besoin de pouvoir travailler sereinement à l’éducation de nos enfants. »

En savoir plus sur le réseau des villes françaises éducatrices :

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