Mais pourquoi vouloir réinventer le socialisme municipal alors que ce concept existe depuis que des socialistes dirigent des mairies, c’est-à-dire la fin du 19e et le début du 20e siècle ?
Tout simplement, parce que le socialisme municipal n’est pas un dogme, mais un état d’esprit qui s’appuie sur des valeurs et qu’il sait s’adapter en permanence.
Voilà le principal message à retenir de la journée de réflexion qui a rassemblé plus de 300 socialistes bretons le 29 mars à Lorient.
Pour Marylise Lebranchu, il faut remonter aux années 50 pour retrouver la source du socialisme municipal en Bretagne. « Ce sont des militants du PSA et du PSU, qui avaient quitté la SFIO tandis que d’autres gardaient la vieille maison qui, le plus souvent conseillers municipaux d’opposition, se sont retrouvés pour partager leurs propositions ». Pour autant, il y avait tout de même près de 130 maires de gauche, essentiellement dans ces communes rurales. Ce sont ces réseaux qui ont permis les succès, dès 1973 aux législatives, mais surtout aux cantonales de 1976 et aux municipales de 1977. « Ces victoires ont été possibles parce que le Parti Socialiste a su apporter un débouché aux luttes sociales et défendre un programme de décentralisation qui fut appliqué après l’élection de François Mitterrand ».
Pour Marylise Lebranchu, le socialisme municipal breton garde une dimension régionale, un sentiment d’appartenance régionale plus fort qu’ailleurs. C’est une spécificité qui remonte à loin puisqu’en 1900 déjà, avant même la création de la SFIO, les socialistes bretons se retrouvaient dans la Fédération Socialiste de Bretagne (FSB) qui perdura jusqu’en 1907.
Mais aujourd’hui comment définir le socialisme municipal a demandé Simon Uzenat à Nathalie Appéré, François Cuillandre, Isabelle Assih, Loïg Chesnais Girard, Annie le Houérou et Jean-Luc Chenut. Pour la maire de Rennes, les rappels de Marylise Lebranchu sont importants parce qu’ils nous rattachent à une histoire. « Nous sommes un petit maillon de la chaîne qui avons hérité du socialisme municipal et qui continuons à le construire. Le socialisme municipal est un laboratoire d’innovation au regard de ce que sont les enjeux, les diagnostics et il varie à chaque époque, mais garde cette capacité, à travers le service public notamment, à répondre aux besoins sociaux. »
Si la Parti Socialiste a pu renaître à Épinay, en 1971, c’est parce qu’il a pu s’appuyer sur de grands maires comme Pierre Mauroy ou Gaston Defferre a rappelé François Cuillandre qui a insisté pour sa part sur la reconquête de l’électorat des quartiers populaires que le PS ne doit pas laisser à la France insoumise. Pour le maire de Brest, la justice et la solidarité doivent guider l’action des municipalités.
Isabelle Assih ajoute que le socialisme municipal n’est pas l’apanage des socialistes et que l’union de la gauche et le respect de toutes ses composantes est aussi un élément important pour remporter les élections et faire vivre des majorités municipales plurielles.
« Il ne faut pas oublier la dimension féministe du socialisme municipal en Bretagne » a souligné Annie Le Houérou, sénatrice et ancienne maire de Guingamp.
Enfin, il ne peut y avoir de socialisme municipal sans proximité, sans une recherche permanente de contacts avec les réseaux associatifs et les habitant-es pour ajuster les politiques publiques ont rappelé Jean-Luc Chenut et Loïg Chesnais-Girard. « C’est à pied, à la rencontre des administré-es que l’on doit faire de la politique » a insisté Marylise Lebranchu.
A un an des municipales de 2026, c’est, encore et toujours, cette capacité d’adaptation, d’innovation et d’invention que les socialistes, avec leurs partenaires, mettront en avant pour conforter les mairies qu’ils dirigent et en conquérir de nouvelles, à commencer par celle de Lorient avec Gaëlle Le Stradic.