« Nous appelons à un sursaut en termes de sobriété, de protection des ressources naturelles et de la biodiversité, de transition rapide pour les secteurs les plus émetteurs : transports, habitat, industrie, agriculture, énergie »
Nathalie Sarrabezolles, secrétaire nationale à l’Environnement et aux Biens communs
« La Terre a de beaux jours devant elle, des milliards d’années pour le moins, mais qu’en est-il de notre vie, à nous humains, sur cette terre ? C’est sur cette question que ce jour, autrement appelé par l’ONU Journée internationale de la Terre nourricière, appelle notre attention, nos réflexions et nos actions concrètes. Alors, en ce 22 avril 2023, où en sommes-nous ?
En réalité, si rien de plus n’est fait, ni l’objectif européen de réduction de 60% des gaz à effet de serre, ni même l’objectif initial de -30% de la France – si peu ambitieux par ailleurs – ne seront tenus. Le rapport parlementaire du 12 avril dernier, issu de la mission flash confiée à deux député.e.s, le dénonce, comme le dénonçait déjà le dernier rapport du Haut Conseil pour le Climat.
Cette évaluation des progrès réalisés par la France à l’aune des accords de Paris de 2015 pointe un retard tel dans la trajectoire de réduction des émissions qu’il nécessitera un rattrapage important. Tous les signaux sont donc concordants, émis par les instances mises en place pour certaines par un Président et un gouvernement qui les ignorent superbement. Aucun acte n’est posé par l’exécutif : planification écologique, coopération réelle avec les collectivités locales, soutien aux projets locaux environnementaux… Et aucun dialogue n’est construit avec les citoyennes et citoyens. Devra-t-on attendre une nouvelle condamnation pour inaction climatique de la France ?
Nous appelons à un sursaut en termes de sobriété, de protection des ressources naturelles et de la biodiversité, de transition rapide pour les secteurs les plus émetteurs : transports, habitat, industrie, agriculture, énergie. Pour cela, la mise en œuvre immédiate d’un agenda cohérent et lisible est cruciale. Il devra prévoir une répartition équitable des efforts, révisant tout particulièrement la fiscalité dans une double logique d’atténuation climatique et de justice sociale.
Parmi les premières mesures pour les secteurs prioritaires, il est d’ores et déjà possible, dans un même élan de l’Union européenne, de réviser les politiques publiques concernant l’énergie, de réorienter totalement les moyens de la PAC vers le climat, d’atteindre une efficacité réelle des aides d’État à la rénovation énergétique pour atteindre 700 000 logements par an contre 50 000 actuellement, de favoriser les coopérations territoriales pour améliorer les mobilités vertueuses, de planifier une réindustrialisation ciblée, dans une logique écoresponsable d’économie bas carbone, et d’instaurer une gouvernance ouverte avec les citoyennes et citoyens, en proximité.
Le Président Macron se plaît à rappeler la place que la France tient ou tiendrait dans le monde. Relevons le défi d’une place éminente dans la transition écologique, une transition juste, une transition équitable et durable, qui privilégie la qualité de vie et associe des parties prenantes, bien souvent prêtes et forces de proposition. »