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Jaurès : le pédagogue du socialisme

Hommage à Jean Jaurès 2023

Benoit Kermoal

Le 31 juillet, les Socialistes de la région de Lesneven vont rendre hommage à Jean Jaurès, assassiné 109 ans plus tôt, au café du croissant par Raoul Villain, un nationaliste exalté.

En 2014, Benoît Kermoal, professeur d’Histoire-géo auteur d’une thèse de doctorat sur les pratiques militantes au sein de la SFIO, entre 1914 et 1940 en Bretagne, nous présentait, dans une interview, publiée dans Cap Finistère, les différentes facettes de la personnalité et de l’action de Jean Jaurès.

Cap Finistère : Compte tenu de ses multiples « casquettes », comment définiriez-vous Jean Jaurès?


Benoît Kermoal : Lui-même se définit, dès le début de sa carrière, comme un acteur politique puisqu’il devient député à moins de 30 ans. Mais il est vrai qu’il fut aussi professeur de philosophie et historien. Il gardera d’ailleurs tout au long de sa vie cette volonté d’expliquer et de faire comprendre. La création de l’Humanité répond aussi à cet objectif politique mais aussi pédagogique. On peut s’en rendre compte, lorsqu’on relit ses articles. Il attache une importance particulière à présenter son activité parlementaire et à expliquer le fonctionnement de l’Assemblée. Il met bien sûr ses qualités d’orateur au service de son engagement politique.

Cap Finistère : Il restera tout de même comme celui qui a permis la synthèse du Socialisme et de la République ?

 

Benoît Kermoal : Oui, pour lui, dans la continuité de la Révolution française, le socialisme doit s’ancrer dans la République. Cela n’allait pas de soi à l’époque, puisqu’une partie de la SFIO considérait la République comme un régime bourgeois qu’il fallait abattre. Jaurès est donc profondément réformateur mais il se définit comme un révolutionnaire qui défend l’idée d’un régime égalitaire. Dans le débat sur les retraites, par exemple, il ne défend pas la loi mais il considère que tout ce qui permet d’améliorer la condition ouvrière doit être pris. C’est aussi dans un souci d’efficacité politique qu’il s’implique si fortement dans l’unification des socialistes et la création de la SFIO en 1905.

Cap Finistère :  Pensez-vous que les multiples manifestations à l’occasion du 100e anniversaire de son assassinat ont changé la manière dont les Français le perçoivent ?

 

Benoît Kermoal : Bien sûr. Cette an- née de commémorations nous oblige à retourner vers ses textes pour comprendre sa pensée. C’est d’autant plus important que tout le monde, au- jourd’hui, se réfère à lui sans toujours bien mesurer la portée de son discours.

Je tiens tout de même à préciser que, sans le travail mené depuis des années par la fondation Jean Jaurès mais aussi par la société d’études jaurésiennes http://www.jaures.info/welcome/index.php il n’aurait pas été possible de présenter des publications, expositions, colloques ou documentaires d’aussi bonne qualité historique.

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