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Il y a 100 ans, débutait l’affaire Seznec  

Le 25 mai 1923, Guillaume Seznec et Pierre Quéméneur quittaient Morlaix pour se rendre à Paris, à bord d’une Cadillac qu’ils espéraient revendre. Le lendemain, Guillaume Seznec revenait, seul, en train. Plus personne n’a jamais revu Pierre Quéméneur, conseiller général de Landerneau. Ainsi commençait l’une des affaires criminelles les plus médiatiques du 20e siècle.

100 ans plus tard, de nombreux articles reviennent sur cette affaire. Et il y a fort à parier que l’engouement se poursuivra encore longtemps tant les zones d’ombres restent nombreuses, mais aussi parce que la Justice n’a jamais accepté d’admettre qu’elle, et les policiers chargés de l’enquête, avaient pu commettre des erreurs.

Marylise Lebranchu, qui fut garde des Sceaux entre 2000 et 2002, déposa une demande de révision du procès qui s’est tenu en octobre 1924 aux Assises de Quimper et qui avait condamné l’artisan de Morlaix aux travaux forcés à perpétuité. Cette peine fut réduite à 20 ans pour bonne conduite quelques années plus tard. « La Justice avait, avec cette affaire, la possibilité de reconnaître qu’elle pouvait se tromper » insiste Marylise Lebranchu. « Avant de déposer la demande de révision, deux magistrats avaient repris toute la procédure et avaient confirmé de graves lacunes dans l’enquête et donc dans les éléments sur lesquels les jurés s’étaient appuyés pour condamner Guillaume Seznec aux travaux forcés. » Mais, le 14 décembre 2006, la commission refuse la révision du procès. « Ce fut évidemment une déception » reconnaît l’ancienne Garde des Sceaux. « Le doute doit toujours profiter à l’accusé et là, les doutes auraient dû conduire à la révision. En la refusant, la Justice a laissé passer une occasion de démontrer à l’opinion publique qu’elle pouvait accepter de se remettre en question. »

« Le gouvernement de Lionel Jospin n’a pas pu aller aussi loin que nous l’aurions souhaité » regrette Marylise Lebranchu. « Nous voulions également obtenir l’indépendance du CSM (Conseil Supérieur de la Magistrature) » rappelle-t-elle. « L’Assemblée Nationale l’avait votée mais Jacques Chirac s’y était opposé. Or, c’est cette instance qui nomme les juges et gère leurs carrières. Il était donc nécessaire pour nous qu’elle soit vraiment indépendante ».

 

La Gauche peut être fière d’avoir permis les appels de jugements des cours d’Assises

 

Cependant, la gauche peut être fière d’avoir permis la possibilité de faire appel de la décision de première instance d’une cour d’Assises, par la loi du 15 juin 2000 portée par Elisabeth Guigou. Cette loi renforce également la présomption d’innocence.

L’affaire Seznec montre bien, également, l’importance des enquêtes. Mal menées, elles peuvent aboutir à des procès qui ne sont pas équitables. « C’est pour cette raison qu’il faut absolument donner à la police judiciaire, attachée aux procureurs, les moyens de mener leurs investigations en toute indépendance » insiste Marylise Lebranchu.

Le centenaire du début de l’affaire Seznec, qui connut de multiples rebondissements, sera donc, encore, l’occasion de controverses entre les tenants de diverses thèses. Certains plaidant pour l’erreur judiciaire, voire le complot d’État. D’autres défendant la culpabilité de Guillaume Seznec.  En révisant le procès, la Justice aurait pu s’épargner ces polémiques qui risquent, une fois de plus, d’accréditer l’idée selon laquelle tous les justiciables ne sont pas totalement égaux face à la loi.

 

 

 

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