Ce sont des élu-es passablement énervés qui ont participé au 10e carrefour des communes, organisé par l’AMF 29 (Association des maires du Finistère) à Brest, les 3 et 4 octobre. Entre la cour des comptes qui préconise de supprimer 100 000 postes dans la fonction publique territoriale et Bruno Le Maire, qui, malgré un bilan calamiteux à Bercy, se permet d’accuser, avant de partir enseigner en Suisse, les collectivités locales d’être responsables du déficit du pays, il y avait en effet de quoi courroucer des maires et des président-es d’intercommunalités à qui on demande toujours plus d’efforts.
La fonction publique territoriale est confrontée à un problème d’attractivité
« Lorsque la crise du covid a éclaté, c’est bien vers les maires et les agents des collectivités que se sont tournés les citoyens » a rappelé Yohann Nédélec, président du CNFPT, l’école de la fonction publique.
L’enjeu, aujourd’hui, n’est évidemment pas de supprimer des postes mais au contraire de recruter a insisté Yohann Nédélec. En quelques années le nombre de candidat-es aux concours a baissé de 65%. En 2023, 17% des offres d’emplois des collectivités n’ont pas été satisfaites.
La fonction publique territoriale est confrontée à un problème d’attractivité. Pourtant, ces métiers ont du sens et sont essentiels pour l’ensemble de la population. C’est pour cette raison que les centres départementaux de gestion bretons se sont réunis pour créer une marque employeur et mettre en ligne la plateforme den.bzh.
Mais, l’État contribue à rendre plus difficiles les recrutements. D’une part en refusant de jouer le jeu de l’apprentissage qui pourtant a montré son intérêt dans la fonction publique territoriale. « Nous enregistrons 21 000 demandes » explique Yohann Nédélec. « Cela représente environ 170 millions d’euros mais l’État et France Compétence n’en donnent qu’à peine 30. »
Ensuite, la question de la rémunération est centrale dans la crise d’attractivité. La fonction publique territoriale est porteuse de valeurs mais il faut que les salaires correspondent à l’engagement des agents surtout si, pour les mêmes fonctions, ils ou elles peuvent gagner 30% de plus dans le secteur privé.
« L’État nous considère comme des sous-traitants »
Accuser les collectivités locales de creuser le déficit n’a pas de sens a dénoncé François Cuillandre. « Nous, nous sommes obligés de présenter des budgets à l’équilibre, et lorsque nous empruntons, c’est pour financer des investissements, pas du fonctionnement. » Et les collectivités locales portent 70% de l’investissement public.
« Le principe de libre administration pourtant reconnu par la Constitution n’est pas respecté. L’État nous considère comme des sous-traitants » a déploré le maire de Brest. La suppression des impôts locaux a été décidée par Emmanuel Macron mais c’est dans les communes que le lien entre les contribuables et les collectivités est en train de se rompre. A quoi bon, pour les collectivités, investir pour accueillir des entreprises ou des ménages si ceux-ci ne paient plus d’impôt là où ils s’installent ? Avec la quasi suppression de la taxe d’habitation et de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) ce sont près de 47 milliards que l’État doit aux collectivités !
Si d’ici un mois, le nouveau gouvernement ne prend pas des mesures fortes pour répondre aux attentes des élu-es locaux, les ministres entendront parler du pays au congrès de l’AMF (Association des maires de France), qui se tiendra les 19, 20 et 21 novembre à Paris.