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Grève des sardinières : les leçons du centenaire. 

Engagée le 21 novembre 1924, la grève des sardinières s’est terminée le 6 janvier 1925. Frédéric Tanter, du collectif « Pemp real a vo! »  tire un bilan des commémorations de ce mouvement qui a eu un retentissement, au-delà de Douarnenez.   

« La ville de Douarnenez a vécu durant six semaines au rythme des animations orchestrées par le collectif Pemp real a vo ! (cinq sous nous aurons !) pour célébrer une lutte sociale qui fait figure de totem dans l’histoire ouvrière bretonne. Une lutte héroïque et victorieuse dans laquelle les femmes ont joué un rôle de premier plan pour faire valoir leur droit à un meilleur salaire.

Quelles leçons peut-on tirer de ce centenaire ? Il a révélé la capacité de fédérer des énergies multiples pour entretenir la mémoire d’un événement mais aussi pour faire valoir des préoccupations actuelles liées aux conditions de travail dans l’industrie de la conserve, en Cornouaille et ailleurs.

Ce qu’il s’est passé il y a cent ans à Douarnenez à une résonance certaine avec le contexte dans lequel nous sommes aujourd’hui : la défense des valeurs féministes et laïques, les menaces sur l’emploi (précarité, délocalisation, pénibilité, retraite), la liberté d’expression, la protection des droits syndicaux.

Ce centenaire de la grève des sardinières a agi comme un catalyseur. Il a stimulé les créations tous azimuts : affiches, foule chantante, concerts, pièces de théâtre, bande dessinée, roman, jeux… Il a élargi le champ historique : publications, reportages, films documentaires, conférences, expositions, visites guidées… Il a permis aussi l’expression de revendications ouvrières : tables rondes et manifestations.

Il aurait pu s’achever par un acte symbolique fort : attribuer le nom de Lucie Colliard, militante de la CGTU très active durant la grève, à la Place du Centre. Lieu où se trouvait autrefois l’usine de René Béziers, le président du syndicat patronal ayant commandité l’attentat contre Le Flanchec le 1er janvier 1925. Malheureusement, la requête du collectif « Pemp real a vo ! » accompagnée d’une pétition est encore aujourd’hui en cours d’instruction à la mairie.

A travers cette séquence du centenaire, la cité douarneniste a confirmé magnifiquement son image de convivialité, de générosité, de fête et de liberté décomplexée. Une parenthèse, diront les pessimistes, ou un espoir de vie meilleure, diront les autres, dans une période pleine d’incertitudes. L’avenir le dira ! Quoi qu’il en soit, l’écueil de la commémoration nostalgique a été évité. »

Frédéric Tanter
Professeur d’histoire-géographie
Membre du collectif « Pemp real a vo ! »

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