« Il est plus difficile de briser les préjugés qu’un atome » disait Albert Einstein. C’est pourtant l’objectif que s’est fixé ATD quart monde depuis 2013 en publiant « En finir avec les idées fausses sur la pauvreté » dont la 5eme édition actualisée vient d’être publiée.
En réalité, la prise de conscience date de la campagne présidentielle de 2012, et en particulier des arguments déployés par l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy. « Les préjugés sur la pauvreté circulaient énormément » se souvient Jean-Christophe Sarrot dans le journal d’ATD quart monde du mois de janvier 2025. « Dans une déclaration, Laurent Wauquiez, ministre des affaires européennes, avait assimilé l’assistanat à un « cancer de la société française ». Il suggérait même de conditionner le RSA. Toute cette logique « pauvrophobe » ressurgissait dès que nous abordions nos propositions » rappelle celui qui anima l’équipe rédactionnelle de la première édition.
A l’origine il s’agissait de fournir des argumentaires permettant aux militants de répondre de manière argumentée, sous forme de flyers ou de publications sur le site de l’association. Les discours sur « les profiteurs du système » étaient tellement déconnectés de la réalité que les militant-es ont ressenti le besoin de disposer d’arguments pour rétablir la vérité sur ce que vivent les personnes vivant dans la précarité. Mais très rapidement l’idée de les regrouper sous la forme d’un livre s’est imposée.
La version qui vient de sortir, au tarif de 5 euros afin que le plus grand nombre puisse l’acheter, met particulièrement l’accent sur la maltraitance institutionnelle que Marie-Aleth Grard, présidente du mouvement, présente dans l’introduction comme la nouvelle forme de violence faite aux pauvres. « Les plus précaires en sont les premières victimes, ils y sont confrontés au quotidien, soupçonnés de mal s’occuper de leurs enfants, de mal gérer leur budget, mal reçus aux guichets sociaux – lorsqu’il en reste encore- par un personnel lui-même sous pression, démunis face à la dématérialisation ».
Or, cette maltraitance institutionnelle se nourrit par une litanie d’idées reçues qu’il convient de démentir.
C’est pour cette raison que l’ouvrage, publié par les éditions de l’atelier, explique pourquoi il est faux de prétendre « C’est pas si compliqué d’accéder à ses droits » ou « Avec notre modèle de solidarité, les pauvres deviennent des assistés. Il faut conditionner les aides qu’on leur attribue à des contreparties » ou encore « On peut gagner plus avec le RSA qu’avec le SMIC ». Ces idées reçues, et bien d’autres concernant le logement, l’école ou la fiscalité, sont, chiffres à l’appui, méthodiquement démontées.
Donald Trump a remporté les élections américaines en faisant croire que les réfugiés Haïtiens mangeaient des animaux de compagnie ou en promettant de supprimer les aides sociales fédérales. Face à la vague trumpiste qui commence déjà à déferler sur l’Europe, « En finir avec les idées fausses sur la pauvreté » est un outil indispensable pour la bataille culturelle débridée qui s’annonce.
Relire l’interview de Jean-Christophe Sarrot dans le Cap Finistère du 27 septembre 2013
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