L’élection de Donald Trump ouvre une nouvelle période particulièrement inquiétante pour les Etats-Unis, mais aussi pour le reste du monde et pour la gauche ont expliqué la députée européenne Chloé Ridel et la sénatrice Corinne Narassiguin dans un webinaire organisé par la fédération et animé par le premier secrétaire fédéral Tristan Foveau, le 14 novembre.
Chloé Ridel a pointé trois sujets particulièrement préoccupants : le climat, le commerce international et la paix dans le monde.
La question climatique a quasiment été absente de la campagne électorale mais Donald Trump a clairement indiqué qu’il ne posera aucune limite aux forages de gaz ou d’hydrocarbures alors même que tous les experts estiment qu’il faudrait au contraire les limiter. C’est au moment où la coopération entre les états est la plus nécessaire que les Etats-Unis risquent de sortir de l’accord de Paris, et de renforcer les climatosceptiques.
L’augmentation des droits de douane aura des répercussions sur nos exportations vers les Etats-Unis, qui, a rappelé Tristan Foveau, sont les premiers investisseurs en Bretagne. « Le groupe Henaff exporte pour 1 million d’euros vers les Etats-Unis ».
Les produits chinois qui ne pourront plus entrer sur le marché américain se reporteront vers l’Europe. Or, il n’est pas certain que l’Union Européenne parvienne à parler d’une seule voix. « Le risque, c’est que certains pays cherchent à négocier individuellement avec Donald Trump alors que les Européens doivent se montrer unis » a souligné Chloé Ridel.
Enfin, ce sont la paix dans le monde et les instances internationales comme l’ONU ou la cour pénale internationale qui sont menacées. Seuls les Etats-Unis pourraient freiner Benjamin Netanyahou. Mais Donald Trump est trop complaisant avec lui et va le laisser poursuivre sa politique de déstabilisation du Moyen-Orient.
Comment cette victoire a-t-elle été possible ? « Il est encore trop tôt pour tirer toutes les leçons de ce scrutin » a estimé Corinne Narassiguin. « Cependant, il apparaît que dans un contexte de polarisation extrême, les électeurs républicains se sont plus mobilisés que les démocrates ». Ce qui pose la question de la stratégie du Parti Démocrate qui n’arrive plus à parler à l’ensemble des Américains même si Kamala Harris a pris soin de tenir un discours universaliste. « Elle a permis de limiter l’ampleur de la défaite qu’aurait subie Jo Biden s’il s’était présenté mais elle n’a pas eu le temps de rattraper son retard ».
La victoire de Donald Trump a, et aura nécessairement des conséquences en France. Et d’abord pour l’extrême-droite et une partie de la droite qui y voit une confirmation de leur ligne politique et qu’ils n’hésiteront pas à appliquer ici les recettes qui ont fonctionné outre-Atlantique : hystérisation des débats, slogans à l’emporte-pièce, stigmatisation de l’adversaire,….
Mais l’élection de Donald Trump doit inciter la gauche à s’engager dans la bataille culturelle et à réaffirmer ses valeurs. « Les libertariens représentent l’antithèse de ce que nous défendons » a insisté Chloé Ridel. Ils ont perverti l’idée de liberté en défendant le chacun pour soi, la loi du plus fort. Or, la liberté suppose des règles et de la coopération. « Nous ne sommes libres que parce que nous formons une société. La liberté, sans l’égalité et la fraternité, c’est juste l’absence de limite et la possibilité de nuire, de piller les ressources naturelles ».