« Les chiffres sont des êtres fragiles qui, à force d’être torturés, finissent par avouer tout ce qu’on veut leur faire dire » disait l’économiste Alfred Sauvy. C’est ce que Bernard Pelleter a démontré lors de la séance du Conseil départemental consacré aux orientations budgétaires du 9 janvier.
« Les documents concernant les dépenses réelles d’équipement présentés par la Majorité du Conseil départemental sont basés sur des données brutes, sans tenir compte de l’inflation alors même que les graphiques portent sur une période de 10 ans. »
« Un ménage qui dépensait en alimentaire 500 euros par mois en 2015 et 1000 euros en 2025 ne double pas pour autant son budget dédié » a précisé Bernard Pelleter. « En intégrant l’inflation, pour doubler la mise, il lui faudrait injecter 1222 euros dans ce budget, soit une valeur brute majorée de 22%. Ce n’est pas rien ».
Une présentation biaisée
Pour une analyse économique rigoureuse, la présentation en euros constants permet d’isoler les évolutions réelles des politiques publiques de l’effet mécanique de l’inflation.
« La présentation de la Majorité du Conseil départemental me paraît donc biaisée. Elle manque à mon sens d’une certaine rigueur morale en ne mentionnant aucunement la non prise en compte de l’inflation » a estimé Bernard Pelleter qui, de son côté, a réalisé un graphique plus conforme à la réalité.
Celui de la Majorité du conseil départemental laisse apparaitre une moyenne d’investissements de 105 millions d’euros par an pour la période 2015/2021 et de 122 millions pour celle entre 2021 et 2024, l’année commune 2021 étant neutralisée.
« À première vue, ces chiffres suggèrent que la majorité actuelle investit 17 % de plus que la précédente », concède Bernard Pelleter. « Mais en intégrant l’inflation, la réalité est bien différente. »
En prenant 2024 comme année de référence et en s’appuyant sur les données de FranceInflation.com, le constat change. « Surprise : l’ancienne majorité dépasse la majorité actuelle. De peu, certes, mais elle fait mieux, avec un écart annuel moyen de 854 000 euros en sa faveur. »
Voilà pour la réalité factuelle des chiffres.
Les investissements entre 2015 et 2021 sont comparables à ceux de la période 2021/2025
Au-delà des montants eux-mêmes, Bernard Pelleter a également pointé du doigt les commentaires accompagnant les graphiques budgétaires. Le document d’orientation budgétaire de la majorité affirme qu’en 2025, « les prévisions se situent de 125 à 130 millions d’euros, ce qui constitue un niveau qui restera supérieur à celui du précédent mandat.
« Or, c’est faux » a démontré Bernard Pelleter. « Les 123 millions de 2015 présentés valent en fait 147 millions d’euros en valeur 2024.
De même, le rapport de la majorité évoque un « sous-investissement ayant causé le vieillissement des équipements ». Une affirmation là encore inexacte selon Bernard Pelleter : « Sur la période considérée, nos investissements s’établissaient en moyenne à 122 millions d’euros constants par an, contre 121 millions sous l’actuelle majorité. »
Le débat d’orientation budgétaire, censé offrir aux élus une vision claire de la situation financière de la collectivité, ne doit pas se transformer en exercice d’autosatisfaction. En rétablissant ces faits, Bernard Pelleter a contribué à replacer les chiffres dans leur véritable contexte.