Pour la 12eme fois, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Brest, Quimper, Morlaix, Quimperlé, Carhaix et Ouessant ce 13 avril. La mobilisation était partout à peu près identique à celle de jeudi dernier.
12 fois ! 12 fois que les rues sont noires de monde. 12 fois que les mêmes banderoles et pancartes sont portées fièrement par des manifestant-es qui, depuis la fin du mois de janvier répètent, calmement, la même chose : nous ne voulons pas du report de l’âge de départ en retraite à 64 ans et nous ne cesserons la mobilisation que lorsque cette réforme sera retirée.
Il n’y a pas d’essoufflement du mouvement
Le pouvoir a misé sur un essoufflement du mouvement. Mais, au soir de cette 12e journée d’action, parlementaires et ministres doivent se rendre à l’évidence : ce n’est plus maintenant qu’il va intervenir.
La communication politique a ses limites : la stratégie dite de « Shéhérazade », du nom de la princesse des milles et une nuits qui, pour détourner l’attention du roi de Perse qui voulait la condamner, inventait chaque soir une nouvelle histoire, ne fonctionnera pas. Non, les Françaises et les Français ne passeront pas à autre chose tant que la réforme n’aura pas été retirée. C’est ce qu’a réaffirmé l’intersyndicale avant le départ des manifestations.
« Jeudi dernier, encore, ce sont près de 2 millions de travailleurs et travailleuses, jeunes et retraité.e.s. qui se sont mobilisés dans le calme et la détermination pour dénoncer cette réforme injustifiée, les régimes de retraite n’étant pas « au bord de la faillite » comme le prétend le gouvernement.
Le contexte est inédit. Dans ce climat de fortes tensions que l’on peut qualifier de grave crise démocratique et sociale, l’exécutif s’arc-boute et porte seul la responsabilité d’une situation explosive dans l’ensemble du pays.
« L’extrême droite n’a jamais été et ne sera jamais une alliée du peuple. »
Alors que Marine Le Pen est vue dans les sondages comme la figure de l’opposition politique à la réforme des retraites, l’intersyndicale du Finistère rappelle son profond désaccord sur les idées et les thèmes portés par le RN et plus largement les partis d’extrême droite. Le RN qui voudrait nous faire croire que le déficit est causé par les réfugiés, les chomeur-euses, les inactif.ve.s ou toutes les personnes bénéficiant leurs droits. L’extrême-droite pour laquelle la seule solution est d’économiser de l’argent sur notre modèle social et pour qui, si l’on veut sauver nos retraites il faudrait une natalité plus forte, natalité qu’elle voudrait évidemment blanche ! Face à ces idées racistes et nauséabondes de contrôle des naissances, l’intersyndicale se place en opposition et rappelle sa nature profondément antifasciste. L’extrême droite n’a jamais été et ne sera jamais une alliée du peuple.
Cette réforme est perçue, à juste titre, comme brutale et injuste par les travailleurs et travailleuses et la jeunesse qui ont tous et toutes bien compris qu’ils et elles devront travailler plus longtemps sans que jamais le patronat, ni les employeurs publics ne soient mis à contribution.
Une minute de silence pour la démocratie
L’intersyndicale a soumis au Conseil constitutionnel, qui rendra sa décision demain 14 avril, des argumentaires considérant que cette loi devrait être déclarée contraire à la Constitution.
Quand les salarié.es entendent Emmanuel Macron assener « qu’il va falloir faire un effort » en travaillant 2 ans de plus, il fait preuve d’une méconnaissance profonde du monde du travail. Et en particulier de l’emploi de seniors particulièrement dégradé dans notre pays puisque 44 % des 55-64 ans sont au chômage, en invalidité ou en inaptitude professionnelle.
Travailler 2 ans de plus est une violence supplémentaire faite à un certain nombre de salarié.es usé.es par des années de labeur.
Par ailleurs, l’adoption de cette loi a été d’une brutalité sans nom vis-à -vis de la démocratie. Le gouvernement a eu recours à tous les subterfuges de la constitution pour éviter le débat parlementaire. Avec en point d’orgue le recours à l’article 49-3 puisqu’il ne disposait pas d’une majorité à l’assemblée nationale.
Aussi l’intersyndicale vous appelle, au cours de la manifestation, à tenir « une minute de silence pour la démocratie », à 11h 49min et 3s.
Le message de la foule silencieuse qui remplira la rue Jean Jaurès à cet instant sera peut-être plus entendu par celles et ceux qui nous gouvernent : « Ni 64 ans, ni 49-3 : non, définitivement non, nous ne voulons pas de cette réforme ! »
Plus que jamais déterminée à obtenir le retrait de cette réforme, l’intersyndicale organise demain, 14 avril, jour des décisions du Conseil Constitutionnel, à 18h00, un concert, place de la Liberté, à Brest.