Le 3 mars, les socialistes européens ont adopté, à Rome, leur programme pour les élections du 9 juin et désigné Nicolas Schmit comme Spitzenkandidat.
Ce terme, apparu dans le lexique européen dans les années 2000, n’est pas encore familier pour l’ensemble des électrices et électeurs. Pourtant, en fonction des résultats du 9 juin, il pourrait bien être abondamment utilisé dans les semaines qui suivront l’installation du prochain parlement européen et la désignation du ou de la présidente de la commission européenne.
En effet, le Spitzenkandidat est le ou la candidate que son groupe, s’il est majoritaire au parlement, présentera pour présider la commission européenne. Voilà pour la théorie. Mais dans les faits, il pourrait en aller autrement.
A l’origine, le président de la commission européenne était nommé par les chefs de gouvernement. Le traité de Maastricht a prévu une consultation du parlement européen et le traité d’Amsterdam a encore renforcé son rôle en prévoyant qu’il devait approuver la proposition des chefs d’états et de gouvernements.
Un nouveau a été franchi avec le traité de Lisbonne de 2009 puisque le conseil européen doit maintenant “proposer” un candidat “en tenant compte” du résultat des élections européennes. Et si ce dernier ne recueille pas la majorité des voix, les chefs d’états et de gouvernement doivent faire une autre proposition.
En 2014, la candidature de Jean-Claude Juncker, Spitzenkandidat du PPE, est proposée par le conseil et validée par le parlement.
Mais il n’en fut pas de même en 2019. Logiquement, le conseil aurait dû proposer, en fonction des résultats des élections européennes, les candidatures de Manfred Weber pour les conservateurs du PPE, de Frans Timmermans pour les sociaux-démocrates du S&D, ou de Margrethe Vestager pour les libéraux de l’ADLE qui étaient les Spitzenkandidaten de leur parti.
Mais, voulant garder leur influence, après de longues tractations, les chefs d’états et de gouvernement ne sont parvenus, qu’après 3 sommets européens, à se mettre d’accord sur la candidature d’Ursula von der Leyen. Sa candidature ne fut ratifiée par le parlement européen qu’à 9 voix près, le 16 juillet 2019. Car « tenir compte du résultat des élections » peut s’interpréter de multiples manières.
Nicolas Schmit, désigné Spitzenkandidat à l’unanimité par le congrès du PSE
Si les sociaux-démocrates du PSE remportent les élections européennes, c’est donc Nicolas Schmit que le conseil européen devrait proposer pour présider la commission européenne.
Ancien diplomate, il a été, entre 1998 et 2004 le représentant permanent du Luxembourg auprès de l’Union européenne à Bruxelles.
Il est entré au gouvernement luxembourgeois, en 2009, en tant que ministre du Travail et de l’Emploi. Une fonction élargie, en 2013, à l’Économie sociale et solidaire.
Élu député européen suite aux élections européennes, il est commissaire à l’Emploi et aux Affaires sociales depuis le 1er décembre 2019.
C’est à ce titre qu’il porta le projet de directive pour les travailleurs des plateformes qui prévoit d’apporter de nouveaux droits à celles et ceux qui mènent leurs activités sous le statut d’autoentrepreneurs mais devraient, de fait, être considérés comme salarié-es. Près de 30 millions d’Européen-nes sont concernés. Bloquée par Emmanuel Macron, ce projet de directive a tout de même été adopté par le conseil européen du 11 mars.