« Faisons en sorte que leurs souvenirs éclairent notre présent et notre avenir ». Tenant leur université dans les locaux de la base de sous-marin de Kéroman, les socialistes bretons ont tenu, le 29 mars, à quelques semaines des cérémonies du 8 mai 1945, à rendre hommage aux résistant-es qui ont contribué, souvent en sacrifiant leur vie, à la victoire sur le nazisme et à la libération de la poche de Lorient.
Mathieu Glaz, secrétaire de la section de Lorient, conseiller départemental de Lorient 1 et professeur d’histoire, a rappelé le contexte particulier de cette ville.
« La poche de Lorient, territoire couvrant le sud/ouest du Morbihan entre Guidel et Quiberon, a continué à être occupée après août 1944 et jusqu’au 10 mai 1945, à la différence du reste de la région qui a été libérée par les forces alliées dès l’été 44. Et donc, ce territoire a été assiégé par les alliés car jugé trop bien défendu et peu stratégique au regard des pertes que sa conquête aurait nécessité » a-t-il précisé au pied de la forteresse en béton qui symbolise l’occupation ennemie, la principale construction nazie en dehors d’Allemagne. « Des hommes et des femmes ont combattu dans l’ombre, puis dans la lumière, pour que la France retrouve sa liberté ».
Parmi ces phares qui ont guidé la population dans la nuit de l’oppression, Mathieu Glaz a évoqué les parcours de trois figures exemplaires.
Tout d’abord Jacques Stosskopf, ingénieur du génie maritime au port militaire de Lorient. « Il fut un agent précieux de la Résistance. En apparence loyal à Vichy et zélé collaborateur des Allemands, ce qui lui vaut d’être honni par les ouvriers de l’arsenal il profita de sa parfaite maîtrise de la langue allemande, recueillant, collectant discrètement des renseignements cruciaux sur les mouvements des sous-marins allemands et L’activité de la base de sous-marins.
Démasqué, il fut arrêté en février 1944, déporté au terrible camp du Struthof, le seul camp de concentration nazi en France, et fusillé avec d’autres membres du réseau alliance le 1er septembre 1944.
Son chemin a sans doute croisé celui de Marie-Jeanne le Bozec, qui travailla elle aussi à l’arsenal de Lorient dans les années 40. Dès 1940, cette jeune femme originaire de Rosporden, dans le Finistère, entre en résistance en distribuant des tracts, ici, à Lorient. Elle rejoint par la suite le réseau « Confrérie Notre-Dame» et après la destruction de la ville, à la suite des bombardements alliés, en raison aussi des soupçons de l’occupant à son égard, elle s’installe à Paris, où elle poursuit ses actions de renseignements. Traquée par la gestapo française, elle est arrêtée le 13 janvier 1944. Torturée, déportée à Ravensbrück sans avoir parlé, elle trouve la force de survivre jusqu’à la libération de son camp, en avril 1945, par les forces américaines. Après avoir repris le cours de sa vie, elle devient secrétaire particulière du général de Gaulle. »
Enfin, comment ne pas évoquer le rôle des Socialistes dans la libération de la France ?
« Militant socialiste, instituteur public, Jean Le Coutaller, a œuvré sans relâche à la libération du pays, incarnant cette détermination bretonne qui ne plia pas sous le joug de l’occupant » a rappelé Mathieu Glaz.
Commandant FFI à Guémené-sur-Scorff, au nord de Lorient, il a pris part, avec ses hommes, aux combats dans le pays de Gourin, puis au siège de Lorient avant de devenir député à la Libération.
« Aujourd’hui, en nous souvenant d’eux et de tous leurs compagnons de lutte, nous honorons non seulement leur mémoire, mais aussi les valeurs qu’ils ont défendues : le courage, la fidélité à une cause plus grande que soi et l’amour indéfectible de la liberté.
Valeurs qui fondent la république française et bien au-delà, valeurs universelles, mises à mal dans le monde contemporain, en Ukraine et ailleurs ».

hommage aux résistants
En savoir plus sur la poche de Lorient