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Irresponsable et dangereux 

Gilbert Le Bris ancien député

Pour Gilbert Le Bris, qui fut président de la délégation française à l’assemblée parlementaire de l’OTAN, les menaces de Donald Trump vis-à-vis des pays de l’alliance sont irresponsables et dangereuses. 

PS29 : Faut-il pour les pays de l’OTAN payer une contribution sous peine de ne pas être défendus par les Etats-Unis en cas d’agression ?

Gilbert Le Bris : Ce n’est pas la première fois que Donald Trump agite ce type de menaces. Mais les propos qu’il vient de tenir sont irresponsables et dangereux. En effet, l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord, qui date de 1949, prévoit une clause d’assistance mutuelle, sans réserve. Autrement dit, il franchit une ligne rouge quand il dit qu’éventuellement on ne donnerait pas satisfaction à ceux qui demanderaient la clause d’assistance mutuelle. Quand on est dans un traité, on est tenu d’en respecter les règles. Donc ses propos sont irresponsables.

Mais ils sont aussi dangereux parce qu’ils inciteront les dictateurs à considérer que, finalement, tout est relatif, que le droit international peut être bafoué. D’ailleurs, quand on écoute les commentaires sur la scène internationale, on voit bien que tous ceux qui attendent la réélection de Trump sont les dictateurs, les autocrates de tout poil, alors que, en revanche, ceux qui aiment la démocratie, la tolérance, la liberté, craignent sa victoire.

L’article 5 du traité de l’Atlantique Nord prévoit une clause d’assistance mutuelle, sans réserve

Cependant, on ne peut pas nier que, pendant longtemps, les pays européens n’ont pas payé ce qu’ils devaient pour être « à niveau », si je puis dire. Certains ont même utilisé l’expression de « passagers clandestins » de l’OTAN, c’est-à-dire de pays qui ne faisaient aucun effort militaire, s’estimant protégés par les États-Unis.

Pourtant, les sommets de l’OTAN ont indiqué que chaque État-membre devait s’efforcer d’arriver à 2% de son PIB en dépenses militaires. Le dernier sommet a même précisé qu’il faudrait également que 20% des dépenses de défense soient consacrées à des équipements majeurs, de manière à éviter que certains pays se contentent de payer les retraites mais qu’ils aient en même temps la volonté d’agir pour renouveler leur matériel militaire.

A l’heure actuelle, seuls 11 États-membres, sur les 31, ont atteint cet objectif. Mais il y a quelques années c’était beaucoup moins, il n’y en avait que 4.

La France va atteindre cet objectif l’an prochain. L’Allemagne va l’atteindre cette année.

Donc on voit que les pays ont fait des efforts pour se rapprocher de cet impératif. À titre de comparaison, les Américains consacrent 3,5% de leur PIB pour la défense. Ils sont donc très au-dessus, en particulier depuis le traumatisme du 11 septembre 2001 et l’attaque des tours de Manhattan.

Mais ce qu’il faut bien voir aussi, c’est que, même si des pays n’atteignent pas, et j’espère qu’ils atteindront rapidement, l’objectif des 2%, l’OTAN favorise quand même les États-Unis parce que les équipements de ces pays sont souvent achetés auprès des Américains.

Par exemple, maintenant, la Grèce envisage d’acheter américain dans le domaine naval, la Roumanie va s’équiper de matériel américain et la Pologne est depuis longtemps un fidèle client des États-Unis. Donc, c’était une façon pour l’Amérique de bénéficier aussi des retombées de l’OTAN et de la protection qu’elle assurait à tous ces pays.

La question des dépenses militaires de chaque État-membre est en passe d’être réglée

Donc la question des dépenses militaires de chaque État-membre n’est pas une question nouvelle et elle est en passe d’être réglée. Les propos de Donald Trump sont irresponsables et dangereux parce qu’il les a tenus publiquement ce qui est une façon de réjouir tous les dictateurs du monde.

PS29 : La réélection de Donald Trump est quand même une hypothèse crédible. Penses-tu qu’elle soit de nature à nous stimuler pour avancer sur le dossier de la défense européenne dont on parle depuis des années et qui n’avance pas ?

Gilbert Le Bris : Ce qui nous a le plus stimulé, c’est l’agression de l’Ukraine par la Russie de Poutine, ce n’est pas Trump. Obama aussi avait dit que l’Europe devait faire des efforts militaires. La Pologne, l’Allemagne et la France, ce qu’on appelle « le triangle de Weimar » ont décidé d’augmenter leurs dépenses pour arriver à des budgets plus importants, parce que personne ne sait où va s’arrêter la dictature de Poutine.

L’OTAN doit reposer sur deux piliers : un pilier américain et un pilier européen.

J’ai toujours plaidé pour que l’OTAN repose sur deux piliers : un pilier américain et un pilier européen. Les deux piliers devant être assez forts, sinon ça ne peut pas marcher. Ce n’était pas trop le cas il y a 25 ans, ça le devient de plus en plus maintenant. Donc, ça ne vaut pas la peine d’aller franchir des lignes rouges pour dire que l’on va quitter le l’OTAN.

Le débat a longtemps tourné autour de la question : est-ce que les efforts des Européens doivent se faire dans le cadre de l’OTAN ou doit-il y avoir une défense européenne hors de l’OTAN ? Je pense que la plupart des pays ne sont pas prêts à accepter une défense européenne hors OTAN. Parce que de nombreux pays comptent plus sur les États-Unis pour les aider en cas de difficulté que sur le pilier européen. Mais ce n’est pas gênant d’avoir un pilier européen autour de quelques grands pays comme l’Allemagne, la France, la Pologne, notamment qui soient solides et qui soient capables d’intervenir et d’agir dans ce cadre-là.

Les Etats-Unis ont toujours balancé entre l’isolationnisme et l’interventionnisme

 

PS29 : Finalement, la saillie de Trump n’était-elle pas essentiellement destinée à son électorat pour les primaires républicaines ? 

Gilbert Le Bris : Absolument, c’est aussi un discours à usage interne. Les États-Unis, ont toujours balancé, si on peut dire, entre l’isolationnisme, la doctrine Monroe de 1823, et l’interventionnisme, la doctrine Truman de 1947 juste après la deuxième guerre mondiale. D’un côté, il y ceux qui sont pour l’isolationnisme, et c’est ce que ferait éventuellement Trump, qui disent : « on se replie sur nous-mêmes, on s’occupe des États-Unis et on n’en a rien à faire de ce qui se passe dans le monde ». Et de l’autre côté, il y a ceux qui sont pour l’interventionnisme, et qui disent : « on veut aider les régimes démocratiques donc on fait les plans Marshall et on les aide ». Et les Etats-Unis ont toujours hésité entre les deux options, en fonction des menaces et de leurs intérêts. Cependant, quoi qu’il en soit, Donald Trump n’aurait jamais dû tenir ces propos publiquement.

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