« Le président de l’Assemblée nationale est indéboulonnable ». Voilà ce que répétaient les « experts » au début de la campagne de Mélanie Thomin dans la 6e circonscription, il y a un an.
En effet, sous la 5e République, aucun président de l’Assemblée en exercice n’avait perdu une élection législative. Et cette élection intervenait quelques semaines après la victoire du président de la République dont Richard Ferrand se targuait d’avoir l’oreille. Sauf que…
Déjà, la campagne présidentielle avait montré que nul n’est prophète en son pays. La prestation du candidat Macron à Spézet, ne fut pas un succès. Certes, le parti présidentiel avait organisé la claque mais il n’y avait pas d’enthousiasme dans le centre Finistère. On le vérifia dans les urnes puisque le président sortant ne passait pas la barre des 30 % dans 2 circonscriptions sur 8 : la 8e et la 6e.
Désignée candidate de l’Union de la gauche et des écologistes, Mélanie Thomin, avec son suppléant Yannick Jaouen, élu EELV de la Feuillée, a su fédérer les énergies des militants des partis organisés sur la circonscription, mais aussi de citoyens qui, pour la plupart, n’avaient jamais participé à une campagne électorale mais voulaient apporter leur soutien à Mélanie Thomin.
La campagne de la candidate socialiste qui portait les couleurs de la NUPES s’articulait autour de trois axes : le pouvoir d’achat, la santé et les services publics, et l’éducation.
Les résultats du 1er tour étaient de bon augure. Richard Ferrand arrivait bien sûr en tête, mais avec seulement 33,56% des voix alors que Mélanie Thomin en réunissait 31,16%. Suivaient le candidat du RN (14%), la candidate LR, Gaëlle Nicolas (10,6%) et Philippe Plouzané, de l’UDB (3%).
« Ah oui, c’est la dame qui va battre Richard Ferrand ! »
Plusieurs éléments laissaient entrevoir une possible victoire. A commencer par l’accueil chaleureux réservé à la candidate en réunions publiques ou les marchés. Sur celui de Plougastel-Daoulas, lorsqu’Olivier Faure est venu la soutenir, un couple de touristes belges s’est approché pour comprendre les raisons de cet attroupement. En apprenant qu’il s’agissait de la candidate de gauche, ils se sont écriés « Ah oui, c’est la dame qui va battre Richard Ferrand ! »
Alors que des menaces planaient sur l’activité de l’hôpital de Carhaix, Mélanie Thomin, contrairement à son adversaire, s’était clairement engagée à défendre ce service public. Mais comment le président de l’Assemblée nationale sortant aurait-il pu être crédible en promettant pour demain, ce qu’il n’avait pas pu faire pendant 5 ans ?
Dans l’entre-deux tour, l’équipe de campagne de la candidate de gauche a compris, en observant la fébrilité du camp macroniste que la victoire était à portée de main. Les électrices et les électeurs n’étaient pas dupes : la dynamique était clairement du côté de la gauche.
Au soir du second tour, Mélanie Thomin l’emporta avec 808 voix d’avance. (50,86% contre 49,14%)