Les « twitter space » sont en passe de devenir les nouvelles AG du Parti Socialiste. Une sorte d’agora qui permet à chacun de s’informer, mais aussi d’apporter son point de vue, sur twitter. Le PS avait déjà utilisé cette forme de débat le 24 mars au lendemain de la grande mobilisation contre la réforme des retraites pour donner la parole aux responsables des organisations de jeunesse. Il a renouvelé l’expérience le 14 avril pour décrypter la décision du Conseil Constitutionnel.
Déçus mais pas surpris
En résumé, les Socialistes étaient, quelques minutes après le verdict des « sages », déçus mais pas surpris. « Nous pensions que ce véhicule législatif n’était pas adapté » a expliqué le député Arthur Delaporte.
Le Conseil Constitutionnel ne s’est pas prononcé sur l’intérêt ou l’opportunité de la réforme mais simplement sur son caractère constitutionnel. « Même après sa validation partielle, une très grande majorité des actifs reste opposée au départ à la retraite à 64 ans » a rappelé la porte-parole Chloé Ridel.
« La dramatisation, organisée par le gouvernement, avait pour objectif de faire croire que la décision du Conseil Constitutionnel marquerait le point final de la mobilisation ». Mais, une fois de plus, l’exécutif a pris ses désirs pour des réalités. La mobilisation sociale va se poursuivre.
Une nouvelle demande de RIP
Mais aussi la mobilisation institutionnelle avec deux initiatives prises par les parlementaires socialistes. « Nous ne devons surtout pas, comme l’espère Emmanuel Macron, nous résigner » a exhorté le premier secrétaire Olivier Faure.
D’abord parce qu’il existe encore des recours possibles. Une nouvelle demande de RIP, qui sera étudiée le 3 mai, mais aussi une proposition de loi pour abroger la réforme des retraites.
Yann Chantrel, sénateur des Français de l’étranger a pu apporter des précisions sur la demande de référendum d’initiative partagé déposée par le groupe socialiste au Sénat. S’il est vrai qu’il n’est pas possible de déposer une demande sur une loi promulguée depuis moins d’un an. C’est pour cette raison que les sénatrices et sénateurs socialistes ont eu la sagesse de déposer leur demande, avant la décision du conseil constitutionnel, et donc la promulgation, quelques heures après par le président de la République. Car c’est bien la date de dépôt de la demande qui compte.
Mais au-delà de ces perspectives à court terme, la gauche doit se préparer à offrir un débouché politique à cette mobilisation inédite. Car c’est bien elle qui porte des perspectives de progrès social, alors que le RN se contente d’inciter les Françaises à avoir des enfants pour payer nos retraites. La crise que nous traversons a deux versants qui appellent de profondes réformes : un versant institutionnel et un versant social.
Répondre à la fatigue démocratique
Nous vivons un moment de « fatigue démocratique » a souligné le sénateur Jérôme Durain. La légitimité du Conseil Constitutionnel à se prononcer sur la réforme des retraites n’est pas remise en cause. Mais tout le monde voit bien que les institutions arrivent au bout de leurs limites lorsqu’un exécutif arrive à faire valider une mesure massivement rejetée, par les organisations syndicales et par les citoyens, sans vote des député-es.
Sans préjuger de la décision qui sera prise le 3 mai, le dispositif du Référendum d’initiative partagé devra également être revu tant il apparait difficile à enclencher. Même si une grande majorité de la population est hostile à la retraite à 64 ans, il ne sera pas facile de recueillir près de 5 millions de signatures en 9 mois. « Cela demandera une logistique importante pour aller à la rencontre des Françaises et des Français et les aider à remplir, en ligne, le formulaire » ont pointé plusieurs intervenants.
Répondre au défi des fins de carrières
Le second chantier concernera évidement la question du travail et en particulier des fins de carrière. Si le refus du report de l’âge de la retraite à 64 ans est si massif, c’est tout simplement parce que des millions de travailleuses et de travailleurs savent qu’ils et elles ne pourront pas exercer leur profession, parfois dès 55 ans. Mais aujourd’hui, que propose-t-on aux « séniors » ?
« On nous parle de reconversion, mais, moi qui suis boulanger, je fais comment pour créer un nouveau poste ? » a demandé Stéphane Ravacley, secrétaire national en charge du commerce, de l’artisanat et des TPE. « Aucune entreprise n’embauchera un ou une salariée, usée par le travail à 58 ans. Ils et elles seront au chômage forcé. C’est pour leur apporter des solutions qu’il faut mettre en place de nouveaux dispositifs ».
« C’est bien à nous d’engager ce chantier » a confirmé la secrétaire nationale à l’enseignement supérieur, Gulsen Yildirim.
« Car il n’y a malheureusement pas grand-chose à attendre de ce gouvernement qui, avec sa réforme du congé individuel de formation, a divisé par deux le budget le faisant passer de 1,1 milliards à 500 000 euros ».
Les space twitter ne sont pas des instances officielles du PS. Ils ont cependant le mérite d’offrir des espaces de discussions, qui permettent de sentir l’état d’esprit des militants. Au soir du 14 avril, ils étaient résolument tournés vers l’avenir avec un seul objectif : obtenir le retrait de la réforme des retraites.