Tous les observateurs ont noté la solidité de l’unité de l’intersyndicale contre la réforme des retraites. Cependant, et le fait est assez rare pour être souligné, l’ensemble des organisations de jeunesse aussi (UNEF, FAGE, FIDL, Alternative…) participent à ce mouvement et ont mis leurs différences de côté, compte-tenu de l’importance de l’enjeu. Une unité qui pourrait bien, dans les jours et les semaines qui viennent, permettre de mener et remporter d’autres combats.
C’est ce qui est ressorti du « twitter space » organisé conjointement le 22 mars par Angélique Susini, secrétaire nationale adjointe du PS à la communication numérique et Louis L’Haridon, porte-parole du MJS. Ce format, utilisé pour la première fois par le PS, a permis aux représentant-es des organisations de jeunesse d’expliquer la montée en puissance de la mobilisation dans les facs et les lycées, et de dessiner des perspectives de combats communs. Près de 500 personnes ont pu suivre ces discussions.
Avoir 18 ans sous Macron n’est pas une sinécure : « Rien ne nous a été épargné » a rappelé Hugo Prévost, secrétaire National de l’Alternative « Parcoursup, la sélection à la fac, le covid, le refus du repas à un euro… ». « La réforme des retraites a vraiment été la goutte qui a fait déborder le vase » a confirmé Imane Ouelhadj de l’UNEF.
« Le nombre de lycées en lutte est passé de 200, le 19 janvier, à 400 le 17 mars et chaque jour de nouveaux entrent dans le mouvement » s’est félicité Gwenn Thomas-Alves de la FIDL. Au moment où il tenait ces propos, le lycée Laennec de Pont l’Abbé, par exemple, se mettait en grève.
Même s’ils n’étaient pas nés dans les années 90, les représentants des organisations de jeunesse connaissent bien leur histoire sociale. Et ils savent que le CPE (Contrat de première embauche) aussi avait été voté mais qu’il n’a jamais été appliqué par Jacques Chirac. « La clé de notre succès, c’est notre unité » a rappelé la présidente des jeunes socialistes, Emma Rafowicz.
Cette combativité, permet à la jeunesse de relever la tête et laisse entrevoir la possibilité d’engager de nouveaux combats, dans l’unité. Et les points de convergence ne manquent pas à commencer par la réforme des bourses universitaires, promise depuis 6 ans et jamais engagée. Mais aussi de reprendre la bataille pour le repas universitaire à 1 euros pour tous les étudiants, y compris les fils de milliardaires, si jamais ils étudient à la fac et fréquentent les RU.
D’autres luttes peuvent être menées. Comme celle pour la suppression de parcoursup, « machine à stress qui aboutit à ce que la moindre note puisse influer sur l’orientation des lycéen-nes » selon Gwenn Thomas-Alves.
La mobilisation contre la retraite à 64 ans l’a un peu éclipsé mais le gouvernement s’apprête à généraliser le SNU (Service national universel) ( voir l’article du 3 mars) Or, compte tenu des activités proposées et du coût de ce dispositif, les syndicats lycéens s’y opposent .
Enfin, l’unité des organisations de jeunesse se manifestera également pour dénoncer les violences policières et les interventions sur les campus, en dépit de la franchise universitaire.
La création de l’intersyndicale, à laquelle participent les organisations de jeunesse, a clairement changé la donne sur le plan social. Ce qui paraissait impossible il y a encore quelques mois devient envisageable pour peu que l’esprit d’unité demeure.